Même si aujourd'hui le village parait particulièrement calme, il a connu un passé industriel. Cette industrie était un peu excentrée puisque principalement basée au confluant du Rébenty. Ces industries nous ont laissé quelques traces de leur implémentation.
Ce moulin n'était pas pour moudre du grains, mais... pour scier du bois. Comme son voisin le moulin du Pont d'Aliès, c'était en fait une scierie se servant de la force de l'eau pour scier le bois des forêts environnantes. (Le moulin du Rébenty était sur la commune de St Martin, alors que celui du pont d'Aliès me semble être sur la commune d'Axat. Au Rébenty il y en avait peut être même 2, un sur chaque rive (Cailla et St Martin) (plutôt confus tout cela mais la carte d'état major n'aide pas vraiment pour lever ces confusions...))
C'est principalement par rapport aux incendies subits par le moulin qu'on peut connaître son "actualité" (29-11-1868 et 10-11-1872 (Dumont Propriétaire))
Ruine du bâtiment
Volants de fer
canal d'alimentation en eau du moulin en 1826 - ce canal aujourd'hui est partiellement comblé
Information donnée par André Pages : " le canal a fait l'objet de travaux de réfection commandités par M. ROBIN (propriétaire du Restaurant du Rébenty) vers 1976 pour amener l'eau à sa pisciculture. SIFFRE François et GIMENEZ Ernest de Cailla y ont travaillé.
Ancienne sortie d'eau du Rébenty, rive droite
il est question d'un moulin à 8 roues sur Saint Martin Lys dans le livre vert de l'archevêché de Narbonne (XIV°), mais je ne saurais dire s'il s'agit du même...
Un extrait du registre des affaires communale indique :
"La route de Puilaurens à Lafajole a été classée en chemin de grande circulation par une loi du 21 mai 1836, une ligne tracé par l'agent voyer pour continuer cette route au travers de la commune part du moulin à Scier de Madame Rougé et va jusqu'au terrain cultivable de François Pierre Marcérou"
Autre mention indirecte trouvée : date de 1864 par rapport à un acte de 1858.
En 1903 (deuxième scierie achetée par Dumont ?) des coups de feu auraient été tirés par les anciens propriétaires, suite à des soucis judiciaires - archives départementales non reprises sur le site actuellement
Dans le film ci-dessous de l'écomusée du bois de Thones, il est possible d'imaginer ce qu'était le fonctionnement des moulins à scie (faire F5 pour revoir le film)
Coincée dans une excavation au bord de la route départementale D117 et de l'intersection avec la route de Quirbajou reste un mur de forme circulaire (diamètre estimé de 1,50 m) d'une épaisseur de bien 60 cm et semblant former un dôme. Cette construction aurait été un four à chaux
Four à chaux
("au lieu appelé la Tuilerie, située aux abords de la route de Marsa")
Etait-elle liée au four à chaux ?
Pour cette tuilerie je ne pourrais pas montrer de photo, mais seulement les articles de presses de l'accident du 17 décembre 1896 (les journaux nationaux situeraient l'événement plutôt le 24) ayant coûté la vie à deux martinlysois suite à un éboulement lors de l'extraction de la terre nécessaire à l'alimentation de la tuilerie de Zéphirin Dumont
(Dans son "Dictionnaire topographique du département de l'Aude" l'abbé Sabarthès à la page p455 mentionne se lieu sur la commune de Saint Martin Lys)
En remontant la route de Quirbajou, cette carrière était en activité dans les année 1950. Elle a servi pour l'empierrage de la route menant à Quirbajou. A-t-elle survécu à la fin des travaux sur cette route ? - Informations Jean Lautier - Photos Paul Teulière
Carrière Grau
Marius Grau (d'Axat) a obtenu l'autorisation d'extraire de la pierre dans la "forêt" de Saint-Martin-Lys par un arrêté préfectoral du 8 avril 1932. Chaque année une inspection sur les quantités de pierres extraites établissait le montant de l'adjudication à payer à la commune.
A la gare de St Martin Lys au début des année 1960 a été installé l'usine de concassage de la Dolomie extraite des carrières de Roquefeuil, St Colombe sur Guette et de Salvesine
"L'ancienne ligne Saint-Martin-Lys - Axat - Perpignan fait l'objet d'une remise en l'état"
Article du Midi-libre du 12 décembre 1960 (Photo Midi-libre) - transmis à Jean-Pierre Lescure par Sylvain Delagarde
Un phénomène naturel veut que les gens de la montagne descendent vers la vallée. Cela est vrai aussi pour les industries. Ainsi une industrie de broyage abandonna Belcaire pour renaître sous forme d'une usine des plus modernes en bordure de la rivière d'Aude, à la gare de Saint-Martin-Lys.
Et cette gare désaffectée va connaître une activité nouvelle.
"La Société des Blancs minéraux"
M. Pelofy broyait et traitait les dolomies de Roquefeuil dans son usine de Belcaire. Il écoulait une partie de sa production à la Société des engrais Saint-Gobain et l'autre partie était destinée à la fabrication de la peinture.
Mais l'eau fait défaut sur le plateau de Sault. De ce fait tout développement de cette industrie n'est pas possible, nous a-t-on dit.
Ainsi M. Pelofy qui traitait autrefois la baryte en collaboration avec une société de Paris, a fait un nouvel accord avec les dirigeants de cette même société " La société des blancs minéraux", de Paris.
Ensemble, ils ont décidé de transférer cette industrie dans la vallée et de lui donner un gros développement.
Ils ont loué la gare désaffectée de Saint-Martin-Lys qui leur offre une superficie de 8500 mètres carrés.
Un gigantesque chantier
Depuis quelques semaines des équipes de l'entreprise Fiorio ont ouvert un grand chantier que dirige M. Cornu, pour bâtir une usine très moderne, selon les plans de M. M. Lignon, l'un des ingénieurs-architectes de l'entreprise Fiorio.
Comme le terrassement de la gare était fait de terre transportée, de grands travaux sont nécessaires afin de bâtir un socle de vingt mètres de haut pour asseoir cette nouvelle usine qu'on baptisera " La fleur de Lys ". Pour en mener la construction à terme, on compte qu'il faudra deux ou trois ans.
Dans cette contrée on n'a vu d'aussi gigantesques travaux que ceux que le brave curé du village, l'abbé Félix Armand, entrepris jadis pour creuser dans le roc, la route du célèbre défilé de la Pierre-Lys.
Première chaîne au printemps
Cependant on compte qu'une première chaîne pourra tourner fin avril pour commencer le broyage.
Une ligne électrique est déjà construite dans la montagne pour amener le courant force.
Quand tout sera terminé, c'est à dire dans deux ou trois ans plusieurs chaînes fonctionneront en même temps.
La dolomie extraite à Roquefeuil sera descendue par des camions par la vallée du Rébenty. M. Pelofy envisage l'ouverture d'autres carrières plus proches pour approvisionner complémentairement l'usine par d'autres voies. En effet, s'il fallait amener la matière première uniquement par le Rébenty, 25 ou 30 voyages de camion seraient nécessaires par jour.
Cent tonnes par jours
Les différentes chaînes de l'usine comprendront plusieurs opérations (broyage, lavages, relavages, séchage, rebroyage, ect...) Tout s'effectuera mécaniquement. La dolomie arrivera brute et elle sortira logée et étiquetée en sacs. La production quotidienne se chiffrera à 100 tonnes. C'est dire l'importance de cette nouvelle industrie.
Une partie de la production sera destinée à la fabrication de la peinture. L'autre partie s'acheminera vers la société des engrais Saint-Gobain pour les besoins de l'agriculture en amendement calcaires pulvérulents, forme que les sols retiennent le mieux.
Frontières... administrations
Pour l'évacuation de cette marchandise, la S.N.C.F. a refait sa ligne venant d'Axat. Les wagons seront acheminés vers Axat, Perpignan et Narbonne. Ce crochet comportant l'escalade du Col de Campérié parait un non sens, alors que les trains de marchandise devraient logiquement descendre la vallée de l'Aude par Quillan, Limoux, Carcassonne. A cela, il y a une explication : Belviannes est limite de démarcation entre deux zones de la S.N.C.F. On ne veut opérer le trafic que sur une zone, sans doute parce que les aménagements sur les deux zones auraient peut-être entraîné des difficultés administratives.
Cette même limite de démarcation de Belviannes a été un obstacle pour le prolongement des services d'autorail jusqu'à Axat. C'est paradoxal mais il en est ainsi.
A l'heure où l'on abolit les frontières du Marché commun, la S.N.C.F. n'arrive pas à faire passer ses trains d'une de ses zones à l'autre. On pense cependant, qu'il pourrait en être autrement dans l'avenir pour acheminer les trains vers Quillan. Cela ferait toujours une économie de transport.
Espoirs d'avenir pour Saint-Martin-Lys
Evidemment, Belcaire perd une industrie dont le développement ne lui sera pas profitable. C'est là un des problèmes de la montagne. Peut-être trouvera-t-on une solution compensatrice. Il le faudrait pour que la montagne ne se dépeuple pas. L'essentiel serait que par un autre moyen il y ait possibilité d'occuper de la main-d'œuvre à Belcaire.
Cependant le transfert de l'industrie des dolomies et l'implantation de l'usine "La fleur de Lys" auront un heureux effet. C'est une petite commune, l'une des plus déshéritée du département, celle de Saint-Martin-Lys, qui va bénéficier de la création d'une usine moderne sur son territoire.
Il en résultera une rentrée importante d'argent dans la caisse de la commune. Et la petite commune, jusqu'ici isolée dans l'étranglement d'un défilé rocheux, peut dès à présent envisager un avenir prometteur.
Photo de l'usine à sa création transmise par Paul Teulière
Permis de construire d'agrandissement de l'usine déposé 19 février 1963, validé le 17 août 1963 (ce permis est référencé réf : OW 3197 aux archives départementales de l'Aude), ci-dessous les plans de l'usine proposés à validation :
Plan de l'usine de dolomie fournis dans le dossier du permis de construire de 1963
Les détails sur la fin de l'usine sont relatés à la page sur la gare