Construit quasiment en même temps que l'école, quand l'école est devenue obligatoire, ce pont plus pratique et plus direct que le pont vieux (aujourd'hui disparu) permet de rejoindre le village depuis la route départementale. C'est aujourd'hui le seul moyen d'accès au village, rive droite de l'Aude.
Lors de sa construction, l'organisation du village s'est retrouvée fortement remise en cause : un muret partait du coté droit du pont et remontait directement au pont lavoir (qui liait les quartiers droit et gauche du village), avec une placette devant les nouveaux bâtiments de l'école et de la mairie, prise sur les terres du port, port déjà beaucoup moins utilisé à l'époque.
Le pont sur l'Aude.
Vue amont
Remarquez les pots de fleurs accrochés à la rambarde du pont agrémentant la traversée.
Le pont sur l'Aude.
Vue de dessous
Le tablier de cet ouvrage est fait principalement d'acier et de briquettes de parement. Une limite de poids est imposée pour pouvoir le traverser. Des trous ont pu apparaître parfois dans les parties les plus fines du parement.
Le pont sur l'Aude.
Vue aval
La pile centrale a été renforcée en 1997 car la rivière avait creusé et commençait à passer sous les fondations
En 1857, l'état constaté sur le pont vieux est tel qu'il devient dangereux. Après des premières évaluations, un nouveau diagnostic et posé en juin 1858 par le conducteur des travaux des ponts et chaussées. Dans cet exposé, cet agent préconise plutôt de construire un nouveau pont, beaucoup plus pratique que l'existant. Existant dont l'entretien risque de coûter beaucoup plus cher que prévu.
Le 30 juin 1858, Proposition par le conducteur de travaux des ponts et chaussées de déplacer le pont (avec le plan ci-dessous)
Le 30 juin 1858, plan général présentant la proposition d'un nouvel emplacement du pont
Le conseil municipal est convaincu par la proposition (et sûrement par l'espoir d'obtenir des subventions). Mais bien-sûr il faut le mieux pour St Martin, village de Félix Armand, et donc un pont de pierre (malgré le peu de fond dont dispose la commune) (la pauvreté des habitants de St martin est souvent attestée, en particulier dans les documents de la perception recensant les 30 familles les plus imposées du village pouvant participer aux décisions du conseil municipal => un des villages les plus pauvres du département) (voir la délibération du conseil municipal du 15 aôut 1859 à l'appui d'une demande de subvention pour la construction d'un pont de pierre.
Le 21 janvier 1860, proposition d'un pont de pierre (cliquer pour voir le dossier complet de cette proposition et la délibération du 28 février 1860 approuvant cette proposition.)
Après multiple évaluation, finalement les ponts et chaussées concluent à l'impossibilité pour la commune de financer un pont de pierre, il faudra se contenter d'une nouvelle passerelle en bois.
Le 31 octobre 1860, contre proposition d'un nouveau pont en bois
celle qui a, a priori, été retenue (cliquer pour voir le dossier complet de ce pont dréssé le 31 octobre 1860, le rapport de l'agent voyer du 13 août 1861, et la délibération du 23 août 1861)
Les travaux commencés en 1861 seront gravement endommagés par une crue en juin 1862 qui fera prendre un grand retard à cette passerelle et devra, à nouveau obliger, le village à procéder à une imposition extraordinaire pour financer les répararations (délibérations du 05 octobre 1862 et du 15 février 1863, avis du Sous-préfet du 12 février 1863, avis du Préfet du 4 mars 1863 et décision du ministère de l'intérieur du 8 avril 1863)
Ce n'est qu'en 1864, alors que le chantier sur l'ouvrage d'art va s'achever, qu'on se préoccupe enfin des aménagements nécessaires coté village pour rendre l'accès au pont praticable...
Aménagement des abords du nouveau pont - délibération du 15 mai 1864, Registre des souscriptions volontaires par les 52 familles de St Martin du 22 mai 1864 et Courrier du 16 juin 1864 du Sous-Préfet à l'appui d'une demande de subvention
Ce n'est qu'en janvier 1865, que les agents voyers fonds le bilan du reste à payer, des surcoûts rencontrés et demandent que le reste à payer soit subventionné pour permettre la finalisation de l'ouvrage (rapport de l'agent cantonal d'Axat le 01 janvier 1865, validé par l'agent voyer d'arrondissement le 16 janvier 1865 et de l'agent voyer en chef le 19 janvier 1865
Mais en décembre 1865, les terrains parcourus par le nouvel emplacement chemin vicinal n° 1 n'ont toujours pas été achetés d'où une plainte des propriétaires concernés au Sous-Préfet pour leur compenser leurs pertes de revenu ( courrier du 31 décembre 1865 )
Bizarrement ce n'est qu'en 1866 qu'on se préoccupe de payer les terrains qui permettent de faire la jonction avec le chemin vicinal (subventionné) de la commune (chemin n°1 St martin/Quillan).
En 1866, plan d'achat des terrains en bordure de l'Aude pour déplacer le chemin vicinal n° 1
Le conseil municipal dans sa délibération du 27 avril 1866 prévoie enfin de payer ces terrains.Dans sa lettre du 15 mai 1866 le sous-préfet demande au préfet l'approbation de l'achat de ces terrains
L'emploi du bois pour cet ouvrage aura pour conséquence que, dès 1873, ce nouvel ouvrage est considéré comme dangereux. (Vétusté du bois mais aussi car les enfants qui jouent dessus peuvent passer entre les "poteaux de la main courante" qui sont trop espacés).
L'agent voyer cantonal fait le constat de cette dégradation dans son rapport du 24 novembre 1873, en indiquant que les bois seront fournis par la comtesse Fabre de l'Aude et qu'une subvention du département serait la bien venue pour les autres frais.
Un dossier est préparé et transmis au préfet le 04 décembre 1873 par l'agent voyer en chef (je n'ai pas photographié le détail du dossier - a priori il y avait un plan et un devis, en plus du rapport).
Dès le 5 décembre 1873 une enquête est engagée pour connaître les avis des habitants, cette enquête conclut positivement au besoin des réparations, validée par une délibération du conseil municipal le 4 janvier 1874.
La commission départementale donne son accord pour la reconstruction du pont le 31 janvier 1874 avec avis rendu le 9 février.
Le Maire (Pagès) de St Martin relance le sous préfet le 6 février 1874 pour commencer au plus tôt les réparations du pont.
Une nouvelle délibération du conseil municipal le 22 février 1874 valide la décision de la commission départementale, transmise en double exemplaire par le sous-préfet au préfet le 28 février.
Le Maire (Delpech) de St Martin relance ("supplie") une nouvelle fois le sous-préfet le 9 mars 1874 pour indiquer l'urgence des réparations du pont. Ce courrier est suivi dès le 11 mars par un courrier du Sous-Préfet. Je ne dispose que d'un brouillon préfectoral à destination du directeur des contributions directes du 13 mars pour autoriser la commune à s'imposer extraordinairement de 700 francs (Mais pas de l'arrêté lui même pris le 12) cloturant le dossier administratif de cette affaire.
Malheureusement ce pont de bois se détériore trop vite.
Il est envisagé à nouveau dans une délibération du conseil municipal du
08 avril 1883 de construire un pont de pierre en remplacement de la passerelle de bois
et dès le 20 novembre 1884 il est envisagé d'emprunter pour construire ce nouveau pont
Des plans d'un pont en fer sont dréssés le 14 avril 1885
Projet de pont métallique, vue générale, de face, de coté et d'implantation dans le village (voir dossier complet)
Dans la délibération du 25 octobre 1885 la décision de remplacer la passerelle en charpente par un pont métallique est actée
Une subvention de 8000 francs a été obtenue pour ces travaux (voir la délibération du 16 mai 1886 sur le bilan comptable de la commune) et un emprunt complémentaire de 2000 francs est décidé
Le 09 octobre 1887 la délibération du conseil municipal valide les proposions des agents-voyer pour la construction du pont métallique et des alignements de traversée du village
L'adjudication de 1887 choisit 2 entrepreneurs principaux, qui tout deux se firent tirer les oreilles par l'agent voyer cantonal car furent très long à se mettre à l'ouvrage. (voir cette nouvelle notification de l'agent voyer du 12 octobre 1888 (tout aussi illisible...))
Les habitants ont dû, pendant toute la période de travaux, réutiliser la passerelle du pont vieux (à leurs risques et périls) ou remonter en amont du fleuve à plus de 3 km (surement jusqu'au Pont d'Aliès avec traversée du ruisseau d'Aliès à gué ? - le pont de la gare n'ayant pas encore été construit).
Aussi ce n'est que vers la mi 1889 que les travaux purent enfin être réceptionnés
Le 17 avril 1889, décompte définitif des travaux de construction du pont de St Martin Lys
Le 15 août 1889 une délibération du conseil établi le règlement définitif des travaux exécutés pour la construction du pont métallique sur la rivière d'Aude et ses avenues
Il faudra attendre encore presque 10 ans pour que le nouveau pont soit intégré au chemin vicinal n°1
De fait ce chemin vicinal n°1 n'est plus constitué que de l'accès au village depuis la route devenue entre temps nationale.
Les 2 plans ci-dessous du 25 mars 1898 sont dressés pour représenter ce nouveau chemin vicinal n° 1 de Saint Martin.
Plan du 25 mars 1898 pour classer le chemin passant par le pont en chemin vicinal n°1
Le plan général présente l'intérêt de montrer les chemins vicinaux de l'époque. Le chemin vicinal n°5 de la future route de Quirbajou ne sera fait qu'en 1905. Le bout de la forêt des Fanges, lui aussi classé, n'apparaît pas sur ce plan insuffisamment large.
Sur le plan détail, on peut remarquer que ma maison n'est pas dessinée... Mais le plan n'est pas particulièrement précis quant aux habitations (voir ces plans dans une définition plus précise)
Après 10 ans quelques travaux de peinture s'avèrent nécessaires
Le rapport de l'agent voyer cantonal du 2 février 1899 envisage ces travaux
Travaux qui seront décidés lors de la délibération du conseil du 19 février 1899
Le Sous préfet transmet la demande au préfet avec un avis favorable le 24 février 1899
Le Préfet approuve ces travaux dans son courrier au Maire du 28 février 1899 (au moins dans ce cas la décision aura été assez rapidement prise...)
Les inspections annuelles du pont indiquent "pont constitué par 2 poutres à âmes pleines, reliés par 15 entretoises à I supportant des roulettes". Ce pont semble beaucoup plus fiable et solide que les précédents... (voir le résultat de ces inspection de 1913 à 1921)
1 Archives départementales de l'Aude - 2OP2782