Saint Martin Lys - Personnalité -
Marguerite Bézia

Paysanne (cultivatrice)

Mon arrière Grand-mère du coté de ma mère.

A participé à la rénovation de ma maison de St Martin Lys en 1920.

Marguerite était de St Martin, née dans la famille Mounié.

Elle a épousé Alfred Bézia qui, bien que d'un autre village de la vallée de l'Aude, avait des attaches à St Martin (voir la page à son nom).

Pendant toute la durée de la guerre de 14-18, elle s'est retrouvée seule avec leur fille Noëlle, et a su assumer avec le même courage qu'elle a montré tout au long de sa vie.
Le deuxième enfant attendra les 10 ans de l'aînée pour voir le jour (François).
La vie de Marguerite est celle de la femme d'un berger toujours absent de la maison, mais qu'il fallait régulièrement alimenter. Marguerite connaissait tous les chemins de traverse pour monter au plus vite à Planèses et donner son casse-croûte à son mari, puis retourner au plus cours entretenir les lopins de terre éparpillés un peu partout sur la commune, du col d'Agajos à Lillette en passant par le champ de l'église et la Borde, donnant à manger aux lapins, aux poules et au cochon. Sans jamais oublier l'éducation de ses enfants.
Cette course perpétuelle contre le temps a fait d'elle quelqu'un en permanence actif, jusqu'au jour de sa chute dans les escaliers du palier de sa vieille maison et sa fracture du col du fémur.
S'il ne fallait pas lui demander de recoudre une chaussette, les travaux de force ne lui faisaient pas peur (voir Joseph Ventura) et elle savait vous mitonner des plats délicieux dans son chaudron perpétuellement au feu. Elle n'hésitait pas à mettre ses pieds dans la barrique pour extraire le jus du raisin et fabriquer la piquette de l'année. Elle était la pro de l'égorgeage/dépeçage de lapin et de la fabrication de la sanquette. Toujours généreuse, à chaque visite de mes parents, ils repartaient toujours avec au moins une conserve et un lapin tout fraîchement pelé.

Puis ce fut l'accident. L'hospitalisation, un médecin peu scrupuleux qui n'avait plus de tête de fémur en réserve et qui a pris la décision de constituer une tête de fémur en plâtre, mettant trop de ciment, pensant que le cœur de Marguerite ne résisterait pas.
Le cœur de Marguerite a résisté, malheureusement pour lui, et peut-être pour elle.
Elle s'est retrouvée définitivement dans l'impossibilité de marcher, tous les examens ultérieurs n'ont rien pu y changer : elle, qui avait passé sa vie à courir, était maintenant immobilisée, dépendante des autres (sa fille et son beau fils).

Toujours placée à la fenêtre du salon de la nouvelle maison, tournée vers le village, sur son fauteuil roulant dès 8 heures chaque matin, avec tous les après-midis la visite des autres personnes âgées du village (Emilie, Clémence, Félicie...) qui restaient prendre le thé avec elle.
Elle me parlait rarement, plongée dans ses regrets d'une fin de vie qu'elle n'avait pas souhaitée. Mais même si j'ai eu l'occasion de lui refiler quelques poux, je sais qu'elle m'aimait bien, jusqu'à me confier un jour "tu sais, je préfère la pluie au soleil, c'est tellement plus beau la montagne quand il pleut", avec un des rares sourires que je lui ai vu.

Marguerite Bézia 1890 1979

Marguerite Bézia 1890 1979

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