Saint Martin Lys - Abbaye - annexes

Table des entrées de la page


Les textes écrits en latin portants sur l'abbaye ont été déportés dans une annexe latine spécifique

Annexe 1 - 1070 donation de l'Abbaye de St Martin Lys à l'abbé Frotard de St Pons de Thaumière9

Les monastères unis à Saint-Pons.
Une bulle du pape Innocent II (1130-1143) nous donne une liste des monastères qui furent unis à Saint-Pons sous l'abbatiat de Frotard ou peu après 10. A cette date, cette énumération n'avait, dans la plupart des cas, que la valeur d'un souvenir historique des droits reconnus sur ces abbayes au moment de la réforme monastique. Quatre de ces monastères appartiennent à la région audoise : Saint-Martin du Lez en Razès, Montolieu en Carcasses, Caunes et Saint-Chinian en Narbonnais.

Saint-Martin du Lez.
Ce monastère, situé dans la haute vallée de l'Aude, se trouvait en Fenouillèdes, une subdivision de l'ancien pagus Redensis qui était placée sous le dominium des comtes de Besalû. Il appartenait au pieux comte Bernard de le retirer de la détresse où « les hommes pervers » l'avaient réduit. Il le fit sans tarder, à la mort de son frère Guillaume. Ce fut un de ses premiers actes en faveur de la réforme monastique. D'accord avec le vicomte de Fenouillèdes, il soumit cette abbaye à Saint-Pons le 25 janvier 1070, presque au lendemain du concile réformateur de Gérone auquel avait assisté Frotard. Certains passages de la charte de donation méritent d'être cités; on y sent passer le souffle purificateur de la grande réforme ecclésiastique qui déjà, même avant le pontificat de Grégoire VII, enthousiasmait les âmes religieuses : « Puisque, par la permission de Dieu, nous voyons l'hérésie simoniaque chassée de notre pays sous les coups que lui ont portés les saints décrets, puisque nous voyons en plusieurs endroits l'église du Christ se réjouir de la restauration de la religion, il est juste que nous aussi nous devenions les auxiliaires de Dieu et que nous courions sus à ses ennemis avec confiance, courage et persévérance jusqu'à ce que la sainte Eglise de Dieu se réjouisse de nos labeurs pour l'accroissement de la sainte religion, tandis que nous-mêmes nous nous réjouirons du salaire divin qui sera notre récompense. C'est pourquoi, moi, Bernard, comte de Besalû par la grâce de Dieu, voyant au territoire de Fenouillèdes, au lieu appelé Lez, près du fleuve d'Aude, un monastère consacré à Saint-Martin tantôt la proie des simoniaques, tantôt celle des hommes pervers qui le dépouillent de ses biens au point qu'il est privé de toute sainte règle, réduit à presque rien et de toutes façons abandonné et transformé en désert, mû par une pieuse considération, j'ai le désir de le restaurer... »11
Après cette union, le monastère fut gouverné par des prieurs. En 1271, par suite d'un accord entre l'abbaye de Saint-Pons et l'archevêque de Narbonne, le prieuré fut lui-même supprimé et ses biens passèrent dans la possession de l'église de Narbonne ainsi que ses archives12

Difficile de croire que la situation se soit dégradée aussi vite entre 1045 et 1070. L'abbé Frotard me semble un grand opportuniste (sinon arriviste) pour faire grossir son abbaye (je vous laisse lire la référence 9 pour vous faire votre propre opinion). Mais il me semble qu'il s'agit plutôt là d'un gros montage au dépend d'une abbaye florissante mais isolée et ayant une volonté d'indépendance par rapport à ses suzerains. Je vous raconterai ma propre version, si j'en ai le temps...
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Annexe 2 - Extraits sur Saint Martin Lys (Lez ou Lenis ou Alenis ou Lenesis) de Gallia christiana et de l'Histoire générale de Languedoc

Paragraphe spécifique sur St Martin dans Gallia christiana8 - Traduction partielle par la SESA1 de ces textes

Présentation du monastère

(il reste quelques trous à combler... - voir en "annexe latine" le texte complet)
Le monastère de Saint Martin de Lenis ou d'Alenis situé dans la vallée "Valcarne", comté de Fenouillèdes, dans le lieu appelé Saint Martin de la Pierre, sur les limites du Roussillon non loin du fleuve de l'Aude, ignore ses fondateurs. Parmi ses bienfaiteurs : Seniofredus comte de Barcelone (965) et Bernardus Bisuldunensis (1020). Les deux testaments sont donnés dans l'appendice Marca hispanica col 885 et 1027 -
Le monastère fut uni à St Pons en 1070 par l'abbé Frotard à la demande de Bernado Bisuldunensium, confirmé par le pape Lucio III dans une lettre à l'abbé Hermengaudum de St Pons en 1182. A partir de ce moment l'abbaye fut dirigée par des prieurs.
quelques abbés :
1) Arnaldus I - années 3, 30 et 32 de Charles le Chauve,
2) Basileus, 1ère année de Charles le Simple, (voir le tome 2 de l'Historia Occitaniae page 35)
3) Sancio, avant la 13e année de Charles,
4) Odo I, 1ère année de règle de Louis d'Outremer,
5) Arnaldus II, année 2, 6 et 7 du règle de Louis d'Outremer,
6) Segarius et Asegaruis, années 13 et 13 du règne du même Louis et année 4 de Lothaire - lettre du pape Agapitus II en 954 (voir instrumenta Col 104.),
7) Segarius, Odeaces et Radulfus sont signalés en même temps dans une charte en l'année V de Lothaire,
8) Radulfus est signalé en 962 - années 9, 13, 15, 18, 20 et 23 de Lothaire, ce fut un homme d'une grande sagesse, il fit beaucoup pour le monastère,
9) Odo II, année 24 - 25, 29 et 30 de Lothaire,
10) Tructerandus I ou Attructerandus, années 2, 3, 5, 6, 7 et 8 de Hugon, il reparaît aux années 1; 3, 5, 8 et 9 du roi Robert,
11) Bernardus, an XIII du roi Robert,
12) Trutterandus II peut être le même que ci-dessus, an XXIII du règle de Robert,
13) Willelmus, an 1038, 8e année du roi Henri - fils de Robert (24ème année),
14) Wilfredus, évêque de Carcassonne lui succède - Consécration de l'église en 1045.

Prieurs :
Berardus an 1074,
Gaucelinus, 1076
Petrus I, 1129
Pontius, 1145
Petrus II de Aseillno 1208 nommé par Guillelmus abbé de St Pons

Consécration de l'église de l'abbaye en 1045 dans Gallia Christiana8 Instrumentat p 105 -

Voir en "annexe latine" le texte complet)
Consécration de l'église de St Martin de Alenis autrefois dans le diocèse de Narbonne, aujourd'hui dans celui d'Alet, faite par Gaufredus évêque de Carcassonne.
L'évêque de Carcassonne vint avec une multitude de gens - l'autel principal est dédié à St Martin. De chaque coté se trouvent représentés St-Just et St-Lazare - A droite l'autel du St Sauveur et de tous les saints - à gauche l'autel de la Vierge avec de nombreux vêtements précieux.
les dépendances du monastère étaient - St-Pierre de Petra-lata (Lapradelle)
St Jean de Combret (localité disparue près d'Escouloubre)
Ste Marie de Courondes (localité disparue près de Cailla - prieuré)
St Etienne de Boulude (localité disparue Commune de Marsa)
St Michel d'Artozouls (ancien prieuré Commune de St-Martin-Lys)

Traduction approximative inspirée de celle de Antoni Pladevall i Font 1045. Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Telle est la nouvelle dotation faite lors de la consécration du monastère du bienheureux Martin, excellent confesseur et évêque, qui a été fondée dans le comté de Fenouillet, dans la vallée anciennement appelée Bollecarne, qui est connu sous l'autre nom de Lenis, à côté de la rivière Aude. En l'an mil quarante-cinq de l'incarnation du Seigneur, en la quinzième année du roi Henri de France, par ordre de M. Guilfred, archevêque du saint primat de Narbonne, vint Guilfred, évêque de Carcassonne, avec une grande foule de gens, pour consacrer la basilique du monastère mentionné, dans laquelle l'autel du vénérable évêque Martin déjà vénérable à la place d'honneur, près de laquelle reposent les reliques des saints confesseurs Just et Lazare, dans lequel il y a aussi, à droite, les autels en l'honneur du Sauveur du monde et de tous les saints, avec les reliques qui y sont conservées, et aussi de la toujours vierge Marie avec un nombre non négligeable de pièces de ses précieuses robes. Il y a aussi le lieu de prière en l'honneur du bien-aimé saint Jean, qui a partagé avec le Seigneur la virginité, et pour cela il reçoit les prières de la vénération commune des fidèles du Christ. Et de beaucoup d'autres, dont tant de variétés de reliques ont été trouvées ici, qu'elles sont inconnues des hommes, et seul le Seigneur les connaît, qui sait toutes choses. Pour cette raison, Mgr Guilfred lui-même, ému par l'amour de Dieu et des saints, par ordre de son métropolite Guilfred, au diocèse duquel appartient ce lieu, a ordonné que tout ce que les fidèles du Christ d'autrefois, présents ou futurs lui auraient donné, de telle manière, sous le pouvoir des abbés et des moines qui y vivent, que dans tous les domaines de ses lotissements il n'y ait personne, ni puissant ni inférieur, qui n'ose réclamer par la force aucun service à aucun des hommes résidant dans l'une de ses limites. Les limites de ce site qui, selon nous, s'inscrivent dans cette garantie sont: à partir d'Erola qui est dans Comba-oriola; jusqu'à la colline des Oliviers, au bout de la route qui vient d'Artosoul; jusqu'au lieu-dit Venterolas sur la route de Balbianas (Belvianes); et, jusqu'au niveau supérieur du ruisseau (Rebenty - faga(moulin?)), sur la route venant de Courondes. Il a également ajouté à cette constitution que personne ne devrait oser commettre des violences contre l'abbé ou les moines dudit lieu ou persécuter quiconque s'est réfugié dans lesdites limites, même s'il est coupable d'un acte répréhensible. Si certains pénitents venaient à cet endroit, tout le temps qu'ils souhaiteraient y rester, ils pourraient assister aux offices divins et leur culpabilité pourrait être acquittée de toute condamnation, tout comme le reste des chrétiens. Moi aussi, Guilfred, évêque de Carcassonne, avec le consentement de Mgr Guilfred et de tous les autres évêques résidant sous sa juridiction, J'ordonne et établis qu'aucun de mes successeurs ne peut confisquer au monastère les églises suivantes: Saint Pierre de Petra-lata (Lapradelle), Saint Jean de Combret (Escouloubre), Sainte Marie de Courondes (Cailla), Saint Etiennes de Boulude (Marsa) et Saint Michel d'Artosoul; mais, par l'autorité de notre décret, ils restent sauvegardés maintenant et toujours pour la défense de la subsistance dudit monastère. Si quelqu'un, pour le salut de son corps et de son âme, doit donner l'un de ses biens personnels ou immobiliers et quitter ce monde en confession avec le Christ, et s'y reposer, il doit être sûr qu'il recevra le pardon du Seigneur, et le repos éternel, et pour notre part sachez que vous recevrez l'absolution selon la puissance qui nous a été donnée par saint Pierre, vicaire du Seigneur.
Guilfred, archevêque du saint primat siège de Narbonne, a ordonné que cette constitution et cette consécration soient faites et a ordonné à tous les évêques de son archidiocèse de la signer, présent et futur, et l'a signée de sa propre main, afin que tous sachent qu'il a été établi, qu'il soit observé par tous ceux qui l'entendent et que tous ceux qui y obéissent reçoivent la grâce de la bénédiction de Dieu, sinon tous ceux qui enfreignent ou transgressent notre commandement, tombent sous le coup de l'excommunication et le lien de l'anathème; ceci, si par inspiration du Seigneur il ne donne pas une juste satisfaction à Dieu, à l'abbé et aux moines.
+ Oliba, évêque d'Osona. + Bernat, évêque de l'église de Beziers. + de M. Pere, pontife de l'église de Gérone. + de M. Arnau, évêque de Toulouse. + de M. Guillem, évêque de l'église d'Urgell. + de M. Berenguer, évêque de l'église d'Elne. + de M. Bernat, évêque de l'église du Couseran. + Matfred, archidiacre, gardien de l'église de Saint Pons, qui a écrit cette dotation ou consécration, le jour et l'année mentionnés ci-dessus."

Histoire générale de Languedoc3

Tome 4 pages 722-723 édition Privat - Note CXLVIII ajoutée par les nouveaux éditeurs - Etablissements religieux du diocèse d'Alet)
Dans le diocèse d'Alet, il y eut jusqu'à quatre abbayes, dont aucune ne subsistait au dix-huitième siècle. Ce sont les abbayes de Saint-Jacques de Jocou, Saint-Martin de Lez, Saint-Pierre de Fenouillèdes & Saint-Paul de Fenouillèdes.
Saint Martin de Lez - Cette ancienne abbaye située d'abord dans le diocèse de Narbonne, puis dans celui d'Alet après le 14esiècle, paraît, en 898, avec le titre d'abbaye dont elle jouit assez longtemps ; elle fut l'objet de libéralités des comtes de Fenouillèdes et de Bésalu et eut part au legs du compte Bernard, mort en 1020 ; sécularisée par Guillaume fils et successeur de celui-ci, elle devint, en 1022, un domaine de l'évêque de Carcassonne, Guilfred. Son église, qui fut, paraît-il, reconstruite peu de temps après, fut consacrée en 1045, par ce même Guilfred, à la prière de l'archevêque de Narbonne du même nom ; une fois consacrée, elle fut déclarée inviolable et devint un asile. Vingt-cinq ans plus tard en 1070, le compte de Bésalu soumit Saint Martin à Saint Pons de Thomières, dont la renommée était encore dans tout son éclat (cette union fut confirmée par le pape Luce III, vers 1182) ; il devait garder son titre d'abbaye, mais bientôt ce ne fut plus qu'un prieuré conventuel.
Les abbés de Saint Martin dont on connaît les noms sont les suivants :
1) Basile, 898, première année de Charles le Simple après la mort de Eudes
2) Sanche, abbé avant 905,
3) Arnaud I, 928, trentième année de Charles le Simple,
4) Eudes I, 936,
5) Arnaud II 937-941,
6) Sigier, 948-949; en 954, il obtint une bulle d'Agapet II; paraît encore en 958,
7) Odevère, 959,
8) Raoul, cité dans un jugement de Seniofred, comte de Barcelone, en 962 ; parait jusqu'en 974,
9) Eudes II parait de 978 à 984,
10) Tructerand I, 988 - 1005; reçut, en 994, une donation d'Eudes, comte de Razès,
11) Bernard, 1009
12) Tructerand II, 1023,
13) Guillaume, 1038.
Après son union à Saint-Pons l'abbaye fut gouvernée par des prieurs, dont on connaît plusieurs, jusqu'en 1204 ; ce sont les suivants : Bérard, 1074 ; Gaucelin, 1076 ; Pierre, 1129 ; Pons, 1145, Pierre d'Azillan, 1204 [A.M]

Histoire générale du Languedoc (Tome 2 page 35 édition de 1734- ou Tome 3 page 59 édition Privat)

LXIII - Abbaye de Saint-Martin de Lez dans le pays de Fenouillèdes.
Si Charles ne fut pas sitôt reconnu dans une partie de la Septimanie, le reste se soumit du moins à son autorité dès la mort du roi Eudes. C'est ce qui paraît, entre autres, par une donation -1 faite au mois de mars, la première année du règne du premier, c'est-à-dire deux mois après la mort de l'autre (898), au monastère de Saint-Martin, dans le pays de Fenouillèdes, et à Basile, son abbé. C'est le plus ancien monument que nous connaissions de cette abbaye, qu'on appelait Saint-Martin de Lez (de Lenis) et qui subsistait sans doute longtemps auparavant : elle était située-2 dans la partie de l'ancien diocèse de Narbonne, qui compose aujourd'hui celui d'Alet, près de la rivière d'Aude, dans un vallon nommé Valcarne, à une demi-lieue de Quillan. Elle fut florissante pendant le neuvième siècle et dans les suivants ; mais enfin, les seigneurs séculiers ayant envahi ses biens, elle tomba peu à peu par là dans le relâchement. Bernard, comte de Besalu et de Fenouillèdes, la donna-3 en 1070 à celle de Saint-Pons de Tomières pour la réformer, et elle n'eut plus depuis que le titre de prieuré conventuel : on y voyait encore des religieux au seizième siècle, avant les guerres des Religionnaires, qui la ruinèrent de fond en comble. Les anciens-4 monumens mettent au nombre de ses abbés : Arnaud, qui avait succédé à Basile la 30e année du règne de Charles le Simple (an 928); Séguier qui la gouvernait la 4e du roi Lothaire, et Raoul qui vivait la 8e du règne de ce dernier prince.
-1 Voyez tome V, Chartes et Diplômes, n. XX (en fait XIX - 2ième acte)
-2 Voyez tome V, Chartes et Diplômes, n. XX et n° LXXXIII.
-3 Ibid. n° CCXLVI,
-4 Archives de l'archevêché de Narbonne.

Un extrait Annexe p 40 T3 édition Paya - Toulouse - 1841 (Histoire Générale de Languedoc - commentée et continuée jusqu'en 1830 et augmentée d'un grand nombre de chartes et de documens inédits, par le chevalier Al. du Mège. Tome 3 - Additions et Notes du LIV. XIV. p 40)
"En 1042, Guifred [Archevêque de Narbonne] ordonna à Guifred ou Sifred évêque de Carcassonne, d'aller consacrer le monastère de Saint Martin du Lez, dit à présent de la Caune, édifié dans le comté de Fenouillèdes en la vallée de Valcarne. L'évêque s'y rendit accompagné d'une grande multitude de peuple et y consacra, la même abbaye et l'autel où reposaient les reliques de Saint Just et Saint Lazare, confessurs, et lui assigna pour congrue-portion, les églises de Saint Pierre de Peyralade, Saint Jean de Combres, Notre-Dame de Coronouls, Saint Etienne de Volude et Saint Michel d'Antosol qui en dépendaient.

Un extrait p 144 T5 Privat (original T2 P-87) du même tome indique ; "(Le Fenouillèdes) est en effet qualifié comté dans deux bulles du pape Agapet, l'une de l'an 950 et l'autre de l'an 954-5 et dans divers autres monumens du dixième siècle. La dernière de ces bulles confirme Ségarius, abbé de Saint-Martin de Lez, dans la possession des biens que son monastère avoit dans le comté de Fenouillèdes et dans ceux de Razès et de Roussillon, à la charge de payer une redevance annuelle à l'Église romaine. -5 Voyez tome V, Chartes et Diplômes, n. LXXXIII"

Un extrait p 145 (original T2 P87 )"Nous avons la preuve que Sunifred, comte de Barcelone, dominait sur ce pays : 1° dans un jugement-6 qu'il rendit la huitième année du règne de Lothaire, ou l'an 962, en faveur de Raoul, abbé de Saint-Martin de Lez et de son monastère, situé dans le Fenouillèdes" -6 Archives de l'archevêché de Narbonne

Un extrait p 161 (original T2 P97) "On a déjà remarqué que, suivant le testament de Sunifred, comte de Barcelone, ce prince possédait le comté de Fenouillèdes en deçà des Pyrénées. Ce prince, par cet acte-7, qui est un monument de sa piété et qui est daté du 1 octobre de la douzième année du règne de Lothaire, ou de l'an 965, donna divers domaines à la plupart des églises de la Marche d'Espagne et de la Septimanie, ...et enfin aux monastères de Saint-Martin de Lez et de Saint-Paul dans le comté de Fenouillèdes."-7Marca Hispanica, p. 885 et seq

Un extrait p 196 (original T2 P118) An 994 - Enfin la même Ermengarde et le comte Bernard (de Besalu) son fils, firent une donation la VI. année du règne du roi Hugues Capet en faveur de l'abbaye dé saint Martin de Lez dans le païs de Fenouilledes.

Un extrait p 207 (original T2 P124) An 995 - Enfin Eudes comte de Rasez, et frère de Roger comte de Carcassonne, était soumis à Hugues Capet dès la VII. année du règne de ce prince, ou l’an 995. suivant une donation -a qu'il fit alors avec Altrude sa femme et Arnaud leur fils en faveur de l'abbaye de saint Martin de Lez, au diocèse de Narbonne à Tructerand son abbé-a Archives de l'archevêché de Narbonne

Un extrait p 256 (original T2 P153) - En 1020 - Mort de Bernard, comte de Besalu et de Fenouillèdes. Quelques jours après Oliba, évêque d'Ausone, et Guifred, comte de Cerdagne, ses frères, la comtesse Tote surnommée Adélaïde, sa veuve, et plusieurs des principaux du pays, tant ecclésiastiques que séculiers, firent procéder à l'ouverture de son testament, dans lequel il avait disposé de la manière suivante des domaines qu'il possédait en deçà et en delà des Pyrénées : il fait d'abord des legs considérables à la plupart des églises de la Marche d'Espagne, à l'abbaye de Saint-Martin de Lez, dans son comté de Fenouillèdes, et à celle de la Grasse (voir Marca Hispanica, p. 642 et seq. 1024, 1027 et p 963)?.

Un extrait p 260 (original T2 P156) An 1022 - Guillaume, comte de Besalu et de Fenouillèdes, moins religieux que son père, ne se contenta pas de disposer d'une manière simoniaque des abbayes de son domaine, entre autres de celle de Saint-Martin de Lez, dans le dernier comté, qu'il donna-8 à Wifred, évêque de Carcassonne ; il usurpa aussi les biens ecclésiastiques sans se mettre en peine de l'excommunication qu'il encourut à cette occasion. -8 Archives de l'archevêché de Narbonne.

p309 (orig. T2 p186) XV. Assemblées tenues dans les abbayes de Lez et d'Arles
L'archevêque de Narbonne pria-9 la même année (1045) Guifred, évêque de Carcassonne, de consacrer en son nom l'église du monastère de Saint-Martin, dépendante de son diocèse et fondée au comté de Fenouillèdes dans un vallon nommé anciennement Valcarne ou autrement Lez (Lenis), sur la rivière d'Aude. L'évêque de Carcassonne fit cette cérémonie en présence d'un grand concours de peuple, marqua les limites de l'abbaye et y établit un asile, ce qui fut confirmé par Guifred, archevêque du premier siège de la Narbonnaise, avec ordre aux autres évêques de sa province de le confirmer aussi. Oliba d'Ausone, Bernard de Béziers, Pierre de Girone, Arnaud de Toulouse et Béranger d'Elne souscrivirent en conséquence à l'acte de cette consécration, avec Bernard de Conserans.-9Voyez tome V, Chartes et Diplômes, numéro CXC.
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p379 (orig. T2 p 229) Bernard, comte de Besalu et de Fenouillèdes, donna des marques de sa piété en plusieurs autres occasions. Il rétablit-10 en particulier en 1070 la régularité dans l'abbaye de Saint-Martin de Lez, située dans le dernier comté. Pour maintenir la réforme dans ce monastère, il le soumit à l'autorité de Frotard, abbé de Saint-Pons, déclara qu'il n'y souffrirait d'autre abbé que celui qui y serait envoyé de cette dernière abbaye. Se défendit à ses successeurs d'y exercer aucune domination. Udalger de Fenouillèdes, qui se trouve souscrit à cet acte, était sans doute vicomte de ce pays. Le monastère de Saint-Martin de Lez perdit dans la suite le titre d'abbaye et ne fut plus qu'un prieuré conventuel dépendant de l'abbaye de Saint-Pons. -10Voyez tome V, Chartes et Diplômes, numéro CCXLVI.

p610 Cette vicomté appartenait alors à Arnaud-Guillaume, dont il est fait mention -11 dans un acte de l'an 1102, et qui se dit fils de Pierre-Udalgerii, vicomte de ce pays, dans une fondation qu'il fit dans l'abbaye de Saint-Martin de Lez. Ce Pierre, qui vivait en 1078, descendait de Guillaume-Arnaud, vicomte de Fenouillèdes, lequel fit-12 une donation à la même abbaye la huitième année du règne du roi Robert, ou au commencement du onzième siècle.-11Voyez tome V, Chartes et Diplômes, numéro CCCXXXIV, la 2ème charte citée sous ce numéro. (Ce texte ne fait en fait mention que d'une donation à l'abbaye de grace et Arnalli-Guillemi n'y est fait mention que comme signataire...) -12 Archives de l'archevêché de Narbonne.

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Annexe 3 - Détail historique et Etat du monastère à la fin du XIXe siècle

Livre de l'abbé J.T. Lasserre7

L'abbé J.T. Lasserre nous donne quelques détails historiques : La liste des abbés "de Saint-Martin, depuis Basile, 808, jusqu'à Guillaume, après 1045, en tout treize abbés, est moins complète (que celle de l'abbaye de Joucou).
L'an 1045, l'Evêque Guifred de Carcassonne fit la Dédicace de l'Eglise de Saint-Martin-en-Lez. Le Maître-Autel était consacré au grand Thaumaturge des Gaules, et un autre Autel, au Sauveur du monde et à tous les saints. On y découvrit beaucoup de reliques de Saints, dont le nom est inconnu sur la terre. L'Evêque de Carcassonne fut assisté des seigneurs et des Evêques de Toulouse, d'Elne, d'Urgel, de Béziers et de l'Archidiacre de Saint-Pons.
Peu après, cette abbaye fut unie à celle de Saint-Pons de Thomières, et ne fut plus qu'un Prieuré, dont on connaît quelques prieurs, jusqu'en 1204. Le Monastère de Saint-Martin de la Pierre-Lys ou de Lez comme l'appellent les anciennes Chartes, qui font remonter sa fondation, vers la fin de la première race de nos rois, fut surpris à fin du XVIe siècle par les Iconoclastes de la Réforme qui le ruinèrent de fond en comble, après avoir égorgé les Religieux et les Catholiques romains qui habitaient autour du couvent. On ne voit plus aujourd'hui que quelques pans de murailles, qui indiquent l'emplacement de cette antique abbaye et de son église qui avait le titre de Basilique
...
En 1877, "On voit encore au milieu des ruines du Couvent, du côté du midi, l'arceau du sanctuaire, et dans la nef, il y a quatre ouvertures en voûte, du coté du Couchant, où étaient des chapelles. L'ancien Monastère est converti en champs. Le cimetière, où l'on a trouvé beaucoup d'ossements, était en deçà du chœur.
Il y avait encore sur une montagne, au levant, une chapelle de Saint-Michel avec un cimetière.

Livre de Louis Fédié6

Le pays de Lez L'abbaye de Saint-Martin-de-Lez ou de Lis

Le pays de Lez comprenait, au moyen age, l'abbaye de St-Martin-de-Lez et les villages de St-Martin, Axat, Altozoul, Cailla, Artigues et Quirbajou. Nous aurons peu de chose à dire sur ces diverses localités qui, sauf Axat, à qui nous consacrerons une brève notice, n'ont pas laissé de traces dans l'histoire. Mais ce qui attire principalement notre attention dans cette partie du pays de Fenouillèdes, c'est l'abbaye de Saint-Martin-de-Lez ou de Lenez.
En remontant le cours de l'Aude, en amont de Belvianes, dès qu'on a dépassé la partie la plus resserrée et la plus pittoresque des gorges de la Pierre-Lis, on trouve le village de Saint-Martin. A une centaine de mètres au nord du village, on remarque quelques vestiges de maçonnerie émergeant du sol. C'est là tout ce qui reste de l'abbaye de Saint-Martin-Lis.
En présence de ce lambeau de ruines d'un édifice religieux datant de douze siècles, l'esprit se reporte vers ces temps reculés où des hommes mus par une foi vive n'hésitaient pas à fixer leur demeure dans cette gorge étranglée par des montagnes presque inaccessibles, et qui, même de nos jours, a gardé la sauvage majesté du désert.
A douze siècles de distance deux hommes remplis d'une généreuse ardeur se sont donné la main dans ce coin de terre empreint de tristesse et de désolation. Le premier moine qui fonda l'ermitage de Saint-Martin, cet embryon d'une puissante abbaye, s'unit dans notre pensée à Félix Armand, le modeste prêtre qui de nos jours a fondé sur le même point une œuvre qui est aussi des plus méritoires. L'un et l'autre ont été les bienfaiteurs de la contrée dont nous esquissons l'histoire. Comme aux temps bibliques, Dieu leur a parlé dans la grandeur de la solitude, et le premier a commencé l'œuvre de civilisation que le second a terminée. Nous regrettons de ne pouvoir connaître le nom du premier prieur de l'abbaye de Saint-Martin-de-Lez, pour l'associer dans la reconnaissance de la génération présente au nom du vénérable Félix Armand.
Il est question pour la première fois de l'abbaye de St-Martin-de-Lez dans un dénombrement des biens que l'abbaye de Lagrasse possédait en 780. Par conséquent ce monastère existait avant cette époque, et sa fondation est aussi ancienne que celle des abbayes d'Alet et de Joucou.
Par une charte de l'an 898, le roi Charles-le-Simple fait donation de plusieurs villages et terres à l'abbaye de St-Martin-de-Lez, située dans un vallon appelé Valcarne, aux bords du fleuve Aldæ. Cette charte nous apprend que l'église de l'abbaye avait le titre de basilique, et qu'elle était dominée par une tour au clocher d'une hauteur remarquable.
Une bulle du pape Agapet de l'an 954 confirma Ségarius, abbé de St-Martin-de-Lez, dans la possession des villages et terres que le monastère avait dans les comtés de Rhedez et de Fenouillèdes, à la charge de payer, comme l'abbaye d'Alet, une redevance annuelle à l'église Saint-Pierre de Rome. Voici les noms de ces villages et paroisses :
Villages de Buxum Le Bousquet, - Perlas, Perles aujourd'hui hameau de la commune de Fosse, - Cassanges, Cassagnes dans la vallée de l'Agly. - Barosa, Vira près de Caudiès, Paroisses ou églises de Sainte Marie in coronulas du Caunil, hameau dépendant de Puylaurens, - Saint Etienne in Barlorda, de la Gardiole, - Saint Jean in Combretto, Saint-Jean de Combrette près d'Escouloubre, - Saint Pierre de Petralata, de Lapradelle. Le village de Belvianes - Balbienæ- faisait partie du domaine de l'abbaye. Au treizième siècle Belvianes fut compris dans l'assignat de Lambert de Thury. Plus tard il passa entre les mains d'un seigneur du nom de Gayraud, qui fit reconstruire le château. Un des descendants d'Amiel Gayraud figura à la revue de la noblesse passée à Caunes en 1529. Le château a été restauré à diverses époques.
Le couvent possédait du coté d'Altozouls, une plantation d'oliviers, ainsi que le constate le relevé des confrontations du monastère de l'an 955 dont voici un extrait :
Confrontat monasterium de une parte in colle de Olivis in via qui venit de Artolose, (le monastère confronte d'un coté la colline des Oliviers, sur le chemin qui vient d'Altozouls).
En 1045, sous le règne du roi Henri, l'église de l'abbaye de Saint-Martin fut reconstruite, et Guifred évêque de Carcassonne en fit la consécration en grande pompe. L'acte de consécration porte confirmation au pouvoir de l'abbaye de toutes les paroisses, des villages et des terres qu'elle possédait, et qui depuis la donation de Charles-le-Simple avaient pris de l'extension. Le couvent possédait en effet, à cette époque, outre les paroisses et villages dont nous avons fait le dénombrement, les paroisses de St-Michel d'Altozouls et Saint-Pierre de Voluto...
L'abbaye de Saint-Martin était parvenue à l'apogée de sa gloire et de sa splendeur. Elle ne tarda pas malheureusement à descendre du rang éminent qu'elle occupait dans la province. En 1070, Bernard, comte de Bésalu et de Fenouillèdes, unit cette abbaye à celle de Saint-Pons, parce que la règle était trop relachée. A dater de cette époque le monastère de Saint-Martin ne fut plus qu'un simple prieuré.
Dans une période de deux cent cinquante ans l'établissement religieux de Saint-Martin-de-Lez avait été gouverné par treize abbés. Dès qu'il fut descendu au rang de simple prieuré il fut dirigé par un prieur ou syndic dépendant de l'abbaye de Saint-Pons. Cet état de choses dura jusqu'aux guerres de religion. Les Calvinistes s'étant emparés de Quillan, en 1573, remontèrent le cours de l'Aude, s'emparèrent du monastère de Saint-Martin-de-Lez et détruisirent le couvent ainsi que l'église, après avoir massacré les religieux.

Il y a peu d'année (avant 1880 date du livre) on remarquait encore quelques vestiges de l'église ou plutôt de l'abside de forme demi-circulaire qui faisait partie de cet édifice. Naguère encore une petite fenêtre ogivale, placée du coté du midi avait résisté, en partie, à l'action du temps. Bientôt il ne restera plus trace sur le sol de l'abbaye de Saint-Martin-de-Lez.
On a découvert à diverses reprises sur l'emplacement qu'occupait l'abbaye des tombeaux monolithes qui avaient servi de sépulture aux religieux de ce remarquable couvent. On a trouvé dans ces tombeaux des médailles et des crucifix.
Nous croyons devoir constater que quelques-uns de ces tombeaux avaient pour couvercle une épaisse feuille de plomb. Cette disposition mérite d'être signalée au point de vue de la science archéologique.

Les dépendances de l'abbaye
P328 - Le village de Belvianes faisait partie du domaine de l'abbaye de St Martin Lys, en 954 (Bulle du pape Agapet),
P333 - Le village de Lapradelle ancien prieuré fondé au onzième siècle sous le nom de monastère de Saint-Pierre de Petra-lata. Ce prieuré qui était un établissement monastique des plus modestes a disparu depuis longtemps et il n'en est fait mention que dans deux documents.
[plus si on prend en compte l'inventaire Roques qui en parle aussi bien avec Saint Pons, qu'avec Saint Martin - mais est-ce Lapradelle ou à côté de Caudiès ?] Le premier de ces documents est une charte de Bernard dit Taillefer, comte de Bezalu et de Fenouillèdes, datée de 1010, portant création d'un prieuré à Petra-lata (Lapradelle) ou plutôt conversion en prieuré de l'église existant en ce lieu depuis le neuvième siècle, et qui était une dépendance de l'abbaye de Saint-Martin-de-Lez. Le nouveau prieuré était fondé suivant l'institution canonique, c'est-à-dire qu'il était desservi par des chanoines à la tête desquels fut placé un abbé appelé Vadallus.
Le second document est une bulle du pape Serge IV datée de 1011 qui confirme cette fondation

p 371 - Fosse - village de 119 âmes, désigné sous le nom de Fuxum, - Barosa, - Vira, village de 140 âmes, - Sanctus-Arnaldus, Saint-Arnac, existaient au neuvième siècle, et étaient des dépendances de l'abbaye de Saint-Martin-de-Lez.
p 112 - Son titre de bien ecclésiastique fut aussi cause que Quillan ne fut pas annexé au monastère de Saint-Martin-de-Lys, lorsque, en 898, le roi Charles-le-Simple dota richement cet établissement religieux, et lui donna, du côté du nord, des terres qui s'étendaient jusqu'aux limites de la ville de Quillan - villa Killiana.

Pierre Viguerie, Annales, ou, Histoire ecclésiastique et civile de la ville et diocèse de Carcassonne T1 p115 (Carcassonne : Polère, an XII 1805)1

En l'année 1045, l'archevêque de Narbonne consacra l'église du monastère de St.Martin dépendant de son diocèse et fondée au comté de Fenouillèdes, dans un vallon nommé anciennement Valcarne, ou autrement Lez, Lenis sur la rivière d'Aude. Guilfred fit cette cérémonie en présence d'un grand concours de peuple, marqua les limites de l'abbaye et établit un asile. Le local où fut établi ce Monastère, est une gorge apelée la Pierre lis, le long de la rivière d'Aude et d'un très difficile accès, en montant du coté de Belvianes, aujourd'hui diocèse d'Alet. Cet établissement est bien propre à faire connaître combien à cette époque la vie monastique avait des attraits. Il parait cependant d'après l'Histoire du Languedoc (tome II, Page 156) que cette abbaye subsistait un assez long temps avant l'époque de 1045, puisque cette fameuse Histoire, à l'endroit que nous venons de citer, nous dit que Guillaume, comte de Bezalu et de Fenouillèdes, moins religieux que son père, ne se contenta pas de disposer d'une manière simoniaque des abbayes de son domaine, entre autres de celle de St Martin de Lez, dans le dernier comté qu'il donna à Wilfred évêque de Carcassonne.... Il est donc certain qu'à l'avènement de son épiscopat, il était déjà pourvu de l'abbaye de St Martin de Lez, depuis l'année 1022. Du reste, les vestiges du Monastère, notamment de l'église abbatiale, paraissent encore. On y voit les murailles qui laissent apercevoir la forme des chapelles. Cette abbaye fut unie en 1070, à celle de St-Pons de Thomières. Le territoire du monastère de St Martin de Lez, aujourd'hui dépendant de la paroisse de St Martin, sur le nouveau chemin de la Pierre Lis, le long de la rivière d'Aude, forme aujourd'hui et depuis longtemps, une métairie appartenant à M. de Lhuillier, seigneur de Belvianes.
(Note - ceci a été écrit vers 1805)

La Pierre-Lis par H. Fons-Lamothe dans Mosaïque du Midi

Dans cet article l'auteur, à partir de l'histoire du Languedoc, en particulier de la traduction de la bulle du pape Agapet de 955, présente en quelques mots son ressenti sur l'histoire de l'abbaye.
Voir le texte complet dans la page "presse".

Article de l'abbé Mazières sur l'histoire de Saint Martin 2

(extraits - pour le texte complet)

St Martin Lys (St Martin de Lez) p93 ... Là où se trouvait l'église abbatiale subsiste aujourd'hui un petit monticule de terre, recouvert d'arbustes. dans ces arbustes, on voit encore les restes d'un arceau. Cette église avait été consacrée en 1045 par l'évêque Guifred de Carcassonne asté des seigneurs de la région et des évêques de Toulouse, Elne, Urgel, Bezier et de l'archidiacre de St Pons - Les fondations des remparts subsistent, le périmètre de l'abbaye fortifiée était d'environ 400m : les remparts ceinturaient toute cette étendue de terrain située sur la rive gauche du fleuve, en aval du village, entre la haute falaise et la rivière d'une part, et d'autre part la route et la voie ferrée qui surplombent. ---
"Vers le milieu, sur les bords du chemin et de la rivière, on aperçoit des ruines.... Bientôt les masures d'une église attirent votre attention, des pans de muraille couverts de lierre et de lambrusques, des arceaux à plein ceintre, dépendant de l'église ou qui formaient un portique, des murs ras de terre qui vont se perdre dans les champs, une chétive maison rajustée à ces débrits et récemment réparée. Voilà ce que vous avez à observer" (1840- Mosaïque du Midi)..--. En 1830 le baron Tylor .... fit un croquis de l'église, nous y voyons les restes importants de la façade est... au milieu une grande porte d'entrée et de chaque côté 3 beaux arceaux à plein ceintre [L'abbé Mazières a confondu les dessinateurs : il s'agit ici de la gravure de Melling - En effet, Tylor n'a lui fait que passer en coup de vent à Quillan et fait de belles gravures de Saint Martin du Canigou mais n'est jamais allé à St Martin Lis...]. En 1877 - l'abbé Lasserre décrivant les ruines disait : On voit encore au milieu des ruines du Couvent, du côté du midi, l'arceau du sanctuaire, et dans la nef, il y a quatre ouvertures en voûte, du coté du Couchant, où étaient des chapelles. L'ancien Monastère est converti en champs. Le cimetière, où l'on a trouvé beaucoup d'ossements, était en deçà du chœur. Il y avait encore au levant, une chapelle St Michel avec un cimetière.... les pierres sont passées dans la chaussée de la route... elles ont formé le remblais de la voie ferrée et parois du tunnel. Note CB- La carte de Cassini indique le couvent sur la rive gauche de l'Aude

Le livre d'Axat de l'Abbé Henri Boudet16

[...]La masse des rochers de St-Georges laissa passer, par le ravin ouvert au sud de la vallée, un amas de limon, de sable et de galets, en grande partie granitique, qui se déposèrent dans les parties basses, principalement aux quartiers dits le Padalis et les Ilhes, couverts encore de leurs débris.
La partie de terrain où le sédiment est le plus apparent, se désigne par le nom de Padalis. Les cailloux roulés détachés par le dégel ou provenant des éboulis des pentes ravinées obstruent le chemin à cet endroit et rendent désagréable la marche du passant qui les heurte.
Padalis : Pathway → subst. sentier
Lees → subst. sédiments
th = d.w. tombe; ay = a
Construction grammaticale du génitif saxon
Pathway lees = sédiment du sentier

A n'en pas douter, le terrain de sédiment du petit vallon de St-Martin-Lis, comme celui de Belvianes en aval des gorges de la Pierre-Lis, est dû aux mêmes causes, puisqu'il présente une composition analogue. Ceci corrobore l'appellation de St-Martin-Lis ou St-Martin du Lez, nom sous lequel était anciennement connu ce village. Il y existait dans le huitième siècle une abbaye très florissante dont il reste à peine quelques vestiges dits le Mounesti. Nous trouvons ses traces dans l'Histoire du Languedoc, en l'année 898 (testament du moine Leuva):
« In nomine Domini : ego, Leuva monachus... ad domum Sti Martini cujus basilica sita est in territorio Fenioletense in locum, ubi dicitur Bolicarnea... faeta hoec carta donationis, secundo idus marcii, anno primo regnante Carolo rege (Charles le Simple). » [Voir +]
« C'est le plus ancien monument [document ?] que nous connaissions de cette abbaye qu'on appelait St-Martin de Lez et qui subsistait sans doute longtemps auparavant. Elle était située près de la Rivière d'Aude, dans le vallon nommé Valcarne, à une demi-lieue ? de Quillan. Elle fut florissante pendant le 9e siècle et dans les suivants.
On y voyait encore des religieux au XVIe siècle avant les guerres des Religionnaires qui la ruinèrent de fond en comble » [Voir +].
Et plus loin, le docte bénédictin ajoute:
«En 1042, Guifred, Archevêque de Narbonne, ordonna à Sifred évêque de Carcassonne, d'aller consacrer le monastère de St Martin du Lez, dit à présent de la Caune, édifié dans le comté de Fenouillèdes, en la vallée de Valcarne. L'évêque s'y rendit, accompagné d'une grande multitude de peuple et y consacra la même abbaye et l'autel où reposaient les reliques de St Just et de St Lazare, et lui assigna pour congrue portion les églises de St-Pierre de Peyralade, St-Jean de Combres, Notre-Dame de Coronouls, St-Etienne de Volude et St-Michel d'Antosol qui en dépendaient. »[Voir +]
Ce document intéressant mérite d'être rapporté en entier : nous y trouvons, en effet, non seulement l'appellation de Lez, appliquée à cette partie de la vallée de l'Aude, mais aussi l'indication précieuse du nom aujourd'hui disparu que portait le quartier où était bâti le monastère. Il sera question aussi dans le cours de ce travail de quelques-unes des églises dépendant de l'abbaye; notamment de St-Jean de Combres ou Combret, aujourd'hui Croumbet, dans le territoire d'Escouloubre; de St-Etienne de Volude, dans celui du Clat, et de Ste-Marie de Coronouls, près du hameau du Caunil.
Les deux appellations Bolicarnea et Valcarne se confondent évidemment. La légère différence qu'elles présentent peut résulter de l'erreur d'un copiste. D'ailleurs l'identité des deux locutions sera surabondamment démontrée si l'on songe que le b languedocien remplace le v latin ou quelquefois le w anglo-saxon, que l'a anglo-saxon se prononce quelquefois o très ouvert comme dans all right, et que le copiste clerc a cru devoir ajouter un i euphonique à Bol. A notre sens, l'attention doit se fixer sur le second mot Valcarne, et ce sera sur lui que portera la traduction.
Mollement assis dans des voitures, sur des routes larges et parfaitement entretenues, nous traversons aujourd'hui ces défilés, frémissant à l'aspect de ces déserts ravagés, des rocs vertigineux dont la percée n'est qu'un jeu pour le travail moderne, à travers lesquels, dans un avenir prochain, retentiront les sifflets stridents de la locomotive.
Mais autrefois, nombreuses étaient les difficultés du passage; précipices affreux, sentiers abruptes montant et descendant en zig-zag où un faux pas entraîne à une chute mortelle, tous les obstacles des sauvages montagnes. Il est naturel que le nom du lieu garde l'impression de toutes ces misères.
Valcarne: walk (oualk) → subst. marche, traversée
hardeness → (subst.) difficultés.
Les SS sont tombés.
Construction gramm. du génitif saxon:
walk hardeness = difficulté de passer.

Plus tard, le mot fut remplacé par celui de la Caune (grotte-caverne) à cause de la cavité à mi-rocher qui domine le monastère.
Cette grotte a servi de refuge pendant de longs mois à Félix Armand, curé de St-Martin, au moment des troubles de la révolution.
De toutes ces appellations, il ne subsiste maintenant que celle de St-Martin-Lis ou St-Martin de Lez : Lez est dit d'après l'orthographe du mot écrit par les moines, et Lis d'après sa prononciation conservée dans l'idiôme local.

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Annexe 4 - Complément à la malédiction du 15 août

Un complément a été ajouté sur le site Magie indienne - la hantise de Saint Martin Lys : Le village étant très petit et peuplé par quasiment toutes des personnes âgées très taciturnes et ne désirant pas parler de ça nous n'avons pas fait d'enquête mais rencontré dans un autre village de la région une dame d'un certain âge qui avait de la famille habitant le village de St Martin-Lys, jusque dans les années 70 et elle nous raconta qu'un de ses oncles incrédules était allé le 16 Août avec un de ses amis pour voir si tout cela était vrai sur l'endroit de ce monastère.
Ils s'étaient installés a l'endroit ou l'herbe n'a jamais repoussée et ont attendu bravant la malédiction... L'histoire ne dit pas s'ils ont assisté aux chants venus de dessous la terre ou vu un défilé de moines fantômes, toujours est-il qu'après ils sont revenus au village en courant et n'ont jamais parlé de ce qu'ils avaient vu ou entendu.
Peu de temps après l'oncle qui habitait "Saint Paul de Fenouillet" dans le "66" département voisin des Pyrénées Orientales et qui était parti pour couper du bois dans la foret n'est jamais rentré chez lui... Malgré les recherches faites dans tous les environs on ne le retrouva jamais et le jeune homme qui l'accompagnait faillit périr quelques mois plus tard dans un inexplicable accident de moto alors qu'il se rendait à Perpignan pour raison professionnelles...
Pour rajouter nous avons effectivement trouvée une disparition vraiment mystérieuse concernant un homme de St Paul de Fenouillet et des recherches infructueuses faites pour retrouver cet homme.

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Annexe 5 - Extrait du livre de J P de La Croix - historique du monastère13

Cet ouvrage principalement consacré à Félix, nous donne des référence documentaire sur le monastère que je n'ai pas trouvé ailleurs

"Au sixième siècle, quelques religieux remontèrent le cours de l'Aude, et comme pour bénir ses eaux, ils fondèrent, à peu de distance de sa source et dans ce joli vallon, un monastère qu'ils appelèrent Lenis, pour exprimer la douceur et la paix de leur retraite. Les premiers temps de cette institution furent un peu orageux : les fameuses Règles de saint Benoît, le fondateur d'Aniane, et l'égal du grand saint Benoît, fondateur des douze monastères du désert de Sublaco, n'existaient pas encore ; mais dès que le codex régularum fut connu, une charte signalant l'état critique du couvent le réorganisa.
(- Charte de 878, Archives de Narbonne (Évêché : Monasterium, aliquando Simoniœ distractum, aliquando à pravis hominibus, suâ possessione privatum et ab omni honestate sanctâ régulâ seclusum, et penè ad nihilum reductum et ab omnibus modis desertum et ad .....( illisible ) reductum piâ consideratione cupioillud restaurare in bonum) Déjà, au neuvième siècle, un acte écrit nommait basilique son église ; un autre faisait le détail de ses riches ornemens et de ses beaux pilliers (Archives de Narbonne, Chartes de 878, 923 et 954). Son clocher cherchait à égaler en hauteur les rocs aigus qui entouraient la vallée de Valcarne, et Kalliano (aujourd'hui Quillan) ; la ville la plus voisine ne renfermait dans ses mûrs rien d'aussi magnifique. A l'envi, tous, grands et petits, saints et profanes, voulurent embellir le monastère de Saint-Martin-du-Lez (Plus tard, de Lenis on a fait Lez, puis Lis : ce nom est resté. Saint-Martin était l'ancien nom du couvent : quoiqu'il fût consacré à saint Benoît et que les moines en suivissent les règles, le premier nom lui était resté. La charte qui a établi cette communauté de Bénédictins le dit d'une manière explicite : « Ego Bernardus.... videns quod monasterium loco dicto Lenis juxtà Aditum flumen, sub nomine Sancti Martini consecratum.... » (Archives de Narbonne)). Le pape Agapet, en 954, confirme par une bulle son abbé Ségarius dans la possession des biens qu'il avait dans le comté de Fénouillèdes, du Razés et du Roussillon, à la charge de payer à l'Eglise Romaine un tribut légitime. Ermengarde, comtesse de Barcelonne, du Conflent et de la Cerdagne ( 981 ) ; Eudes, frère de Roger, comte de Carcassonne et comte du Razés ( 988 ) ; les comtes de Fénouillèdes, et Bernard, comte de Bézalu ( 1020 ), firent à Tracteras, successeur de l'abbé Ségarius, des dons si considérables, que le monastère put s'agrandir et jeter les fondemens d'une seconde église. Wifred, évêque de Carcassonne, accompagné de cinq évêques et d'un innombrable clergé, vint la consacrer. Jamais de telles fêtes ne seront célébrées dans la vallée de Lis, jamais de tels chants ne retentiront dans ces montagnes, dont les échos ont tant d'harmonie.
Pendant six siècles encore, on entendit des voix nombreuses s'élever en chœur ; mais l'orgueilleuse protestation de Luther les jeta dans un morne silence. Les religionnaires arrivèrent en furieux ; ils teignirent de sang les murs du couvent, et laissèrent debout, comme souvenir de leur passage, quelques pans de murailles, qu'on aperçoit encore Aujourd'hui.
Les religionnaires surprirent Alet en 1573, à la fin de Septembre ; ils dévastèrent son évêché et son église, dont les élégantes sculptures, attachées encore à quelques débris de mur qui touchent la route royale de Paris en Espagne, frappent d'étonnement les nombreux voyageurs qui la parcourent. Après le sac d'Alet, les troupes hérétiques suivirent le cours de l'Aude en allant vers sa source : elles pillèrent les maisons qu'elles y rencontrèrent, et s'arrêtèrent devant Quillan, dont les catholiques avaient fait une place forte. Les généraux Roclès et Castelreus campèrent devant cette ville, dont le siège fut long et pénible. Du haut du boulevard carré qui domine le bassin où coule l'Aude, et où sont assises les habitations actuelles, les catholiques firent beaucoup de mal aux religionnaires. Après de constans efforts pendant deux mois, la place fut emportée d'assaut. Mais la fureur des assiégeans ne put être appaisée par le massacre des hommes et des femmes trouvés dans les rues et les maisons de Quillan. Au pillage de cette ville succéda celui du monastère de Saint-Martin ; pas un seul religieux n'échappa au glaive des hérétiques pour en apporter la nouvelle au Pontife de Rome. Un jour après l'entrée des soldats dans le monastère, ces lieux passèrent à l'état de désolation et de tristesse où nous les voyons aujourd'hui.
Ainsi s'accomplissent les mystérieux desseins de la Providence. Les peuples ne suivent pas les rois dans leur exil ou dans leurs persécutions ; on les voit toujours survivre à leur défaite : les religieux disparurent et furent ensevelis sous les ruines du couvent ; mais les nombreux travailleurs auxquels le monastère donnait des moyens d'existence demeurèrent à l'abri des restes précieux de cet antique cloître. Dès que le premier moment d'effroi fut dissipé, ils s'en écartèrent avec respect, et en vue de sa vieille enceinte, comme si sa présence devait être pour eux un gage de bonheur, ils bâtirent quelques pauvres demeures.
Ils veillèrent sur les ruines du monastère, et voulurent sauver son nom de l'oubli. Mgr. de Pavillon, évêque d'Alet, érigea en cure le village de Saint-Martin-Pierre-Lis, comme pour résumer dans son nom la nature de son pays et les désastres qu'avait attirés sur lui la réforme de Luther.
Les bienfaits que les religieux répandaient dans la contrée, les divers ouvriers qu'ils occupaient au monastère, faisaient de leur retraite comme un centre commun où venait aboutir une partie des productions de la province du Roussillon, et du diocèse de Narbonne, dont ils habitaient l'extrémité au couchant. Malgré les secours de la pieuse communauté, les habitans de Saint-Martin furent condamnés à une vie plus pénible, parce qu'il fallait franchir de hautes montagnes pour arriver aux villages voisins. Le pays était ingrat, et le sol bien peu productif, quoiqu'il fût l'objet de leurs labeurs assidus. On observait, en effet, que la fertilité de la contrée n'était plus la même qu'aux premiers temps de la fondation du monastère.
La vallée du Lis étant étroite et formée par des coteaux d'une pente rapide, se trouvait rétrécie, parce que ses côtés avaient été bientôt dépouillés de la terre végétale qui composait les jardins et les vergers du cloître. Quelques pieds de vigne avaient résisté aux orages et aux torrens grossis par la tempête. Grâce à eux, un peu de terrain a été retenu jusqu'à nos jours ; mais il était insuffisant pour fournir aux besoins de la population, et de petits travaux industriels devaient augmenter ses ressources. L'abattage partiel et annuel des bois, le transport du charbon et du fer, le transport des solives pour la construction des radeaux : tels étaient les moyens d'existence des habitans de Saint-Martin-Lis."

Annexe 6 - Dictionnaire topographique de l'abbé SABARTHÈS4

Fin XIXe S de l'Etat passe commende de recherches sur la toponymie de chacun des départements. C'est abbé SABARTHÈS, en 1912, qui est en charge de cette recherche pour le département de l'Aude, son livre n'est pas particulièrement facile à lire mais est une source précieuse de référence. En l'absence de texte original, je ne fais que faire référence à son ouvrage, le détail de ses recherches sur Saint Martin est repris en intégralité dans le page "vrac".

Annexe 7 - Actes du Monastère de St Martin de l'inventaire Rocques12 (1639)

Antoine Rocques a fait un inventaire manuscrit des actes de donations faits à l'abbaye de 892 à 1268 (+ 1 acte non daté et un autre bien postérieur) soit 61 pages consacrées à St Martin. Ces actes originellement appartenaient aux archives de l'abbaye de St Martin, transmis à St Pons et qui finalement ont été récupérés par l'archevêché lorsque l'abbaye de St Pons de Thomières lui a rétrocédé St Martin en 1271. Les originaux ayant été perdus lors de l'incendie de l'archevêché de 1793, seul cet inventaire nous permet de reconstituer l'historique de ces donations. A priori écrit en français (?), personnellement je n'arrive pas à déchiffrer la moitié... La médiathèque de Narbonne a numérisé le texte sous la référence : "Inventaire des actes et documents de l'archevêché de Narbonne, fait en 1639 : III : Actes concernant les seigneuries / Recopié par Anthoine Rocque en 1640. T.5". Rechercher les folios 370 à 400. St Martin Lys, Page d'introduction de l'inventaire Rocques

Un exemple de texte dont l'interprétation peut porter à confusion - celui de l'affaire entre Guidon de Marsa et le monastère

St Martin Lys, Archives de Narbonne - inventaire Rocques - T3 - Feuillet 395 - acte de 200 de 1208

La maison de St Martin de Lez baillée à fief pour certain temps

Ci dessous la retranscription qu'en fait Jean Lautier5
Item un acte de l'an 1208 par lequel Pierre d'Azillan Prieur de Saint Martin del Lez avec le consentement de l'Abbé de Saint Pons bailla et assigna Guidon de Marsan pour Gaigner pendant sa Vye toute la maison et fiefs de Saint martin del Lez sous la réservation de la censive annuelle au monastère de Saint Pons de 15 S (Sol ?) malgouria (melgourien?), se réservant toutefois l'église et cimetière de St Martin avec ses premyce, avec promesse qu'il n'alieneroit la Forteresse de la Caune a personne ainsi que pour raison dicelle et tout ce dessuir il seroit fidèle a la maison de Saint Martin et au monastère de Saint Pons".

J'ai préféré vous mettre le texte de Jean Lautier plutôt que ma propre lecture des pattes de mouche de Monsieur Antoine Rocques car l'interprétation du texte n'est jamais neutre, il est facile de changer le sens involontairement pour appuyer sa thèse, or j'ai trouvé 2 lectures absolument différentes de ce texte. Pour Jean Lautier c'est le premier pas vers la disparition définitive du monastère puisqu'il est mis en fief, pour d'autres sources au contraire il est la preuve de la fin d'une période de rebellion du seigneur de Marsa
J'espère trouver d'autres sources sur cet acte.

Annexe 8 - JB De Roquelaure - Histoire de la haute-vallée de l'Aude14 (1879)

Bien que ce texte reprenne principalement "L'Histoire générale du Languedoc" il apporte une source originale à laquelle je n'ai pas encore eu accès : "Histoire de l'église et du pays d’Escouloubre, par F. Mis, avocat au Parlement de Toulouse."

p 3
A une demi-lieue au midi de Quillan sort des gorges de la Pierre-Lys la rivière appelée l'Aude, qui semble fuir vers la plaine comme une prisonnière à l’aspect de son cachot. En remontant sa vallée étroite et profonde de Saint-Martin-de-Lys à Carcanières-les-Bains et à Puyvalador, on voit rouler ses ondes limpides, gémissant nuit et jour, sur un lit hérissé de mille débris, que le temps a détachés du front des roches abruptes, ou des flancs des hautes montagnes.

p 4
Des sources intermittentes, des eaux sulfureuses, des fontaines pétrifiantes, jaillissent sur les deux rives de l’Aude, surtout dans le Capsir, le Donnezan, l’Escouloubre, le Rébenty et le Lez. Le Lez, dont une partie appartient aujourd'hui au canton de Quillan et l’autre à celui d'Axat, avait une étendue d’environ trois lieues du Nord au Midi et autant de l'Est à l'Ouest ; les principaux villages étaient, dans le dixième siècle, Saint-Martin, Axat, Artigues, Cailla, Puylaurent, et la Pradelle.

p 38
Le génie de Charlemagne fit entrer le clergé avec les seigneurs dans le plan de sage organisation des pays qui touchaient à l'Espagne, groupa les hameaux autour des châteaux et des abbayes, bâtit des églises là où le besoin s'en faisait sentir, et restaura celles qui étaient tombées en ruines. On voit mêlés au peuple les moines et les seigneurs, et sous des habits bien différents c'était le même esprit qui les conduisait ; c'était le même cœur qui battait haut et ferme pour l'honneur de la religion et de la patrie. Les relations de ces trois classes de la société dévoilèrent tous les signes d'une union intime et d'une franche cordialité. Mais le grand roi ne se fit pas illusion sur l'avenir de la France féodale. Il chercha une force capable de mettre un frein à l'orgueil des seigneurs par une sage résistance, et aux passions brutales du peuple par un dévoûment à toute épreuve. Il la trouva dans le clergé, qui arrêta l'esprit d'indépendance des grands, fiers de leur haute position, considérant les rois comme leurs égaux, mais contenus dans le devoir par la main de Charlemagne. À la fin de son règne, il s'aperçut de la tendance des grands de son royaume à se soustraire au pouvoir souverain, qui avant tout visait à tenir unies les forces de la nation française. On comprend de quel puissant appui fut le clergé, fort de sa mission, animé d'un dévoûment sans bornes, ne sachant ni flatter les grands, ni approuver leurs désordres, ni favoriser les entreprises mauvaises, ni nourrir les divisions, intestines, mais toujours prêt à subir la persécution pour la justice, à protéger le faible, à recueillir le pauvre, à intercéder pour un ennemi vaincu, à faire rendre la liberté aux prisonniers, à instruire le peuple, à le soumettre aux lois, et à relever le courage dans le malheur ; habile à négocier la paix, à éteindre les haines des seigneurs et des vassaux, à les lier par les serments, et par là les disposer au moins aux trêves. Le clergé, pour qui la gloire, la fortune, les honneurs, les délices de la vie, étaient et doivent toujours être l'objet de son mépris, de sa haine et de sa réprobation, aida puissamment l'autorité séculière à constituer la France par la fondation des cloitres dans les pays des frontières, où les seigneurs étaient toujours enclins au crime de félonie.
Il fallut, pour l'avenir de la nation française, lui montrer le type du guerrier chrétien, et créer pour ses enfants, si aptes à l'art militaire, une école de respect, d'honneur, de discipline et de sacrifice. Les abbés-militaires ne tardèrent pas à paraître. Maîtres dans leurs monastères et indépendants dans leurs biens temporels, ils n'avaient à craindre aucune violence ni à subir aucune vexation. Vivant côte à côte avec le seigneur, ils le surveillaient dans ses démarches, lui reprochaient son intelligence avec l'étranger, et prévenaient les invasions en tenant le chef de l’Etat au courant des sourdes manœuvres de l'ennemi et des trahisons des vassaux. Les ruines des abbayes d'Alet, de Saint-Martin-de-Lez, de Saint-Jacques de Jocou, de Saint-André-de-Jau, de Saint-Pierre-à-la-Croix d'Usson, de Saint-Jean-Baptiste de Combret, de Richi, de Rieutord et de Formiguère, attestent le vaste plan de surveillance organisé par Charlemagne et ses successeurs.
Le clergé faisait marcher le bien particulier de pair avec le bien général. A sa parole et sur son exemple, le peuple apprit à aimer Dieu et la patrie, à chérir le sol natal, à défricher les terres, à multiplier ses ressources, à nourrir de grands troupeaux et à bâtir des demeures solides. Quel spectacle magnifique fut celui de voir l'Église travailler avec une invincible opiniâtreté à l'œuvre éminente de la civilisation et pousser vers le progrès les peuples encore barbares. Au lieu des bourgs, des villes, des cités bruyantes et des capitales, le moine choisit les montagnes abruptes, les défilés étroits, les forêts, les déserts et les glaces, où il trouva un peuple laborieux, sobre et docile, quoique un peu barbare. Son habit comme celui du moine était par sa grossièreté un habit de pénitence, sa nourriture était frugale et sa maison modeste. Cette fraternité exista de longs siècles. Inséparables durant la vie, le moine et le paysan confondirent leurs cendres après la mort. A côté de l’église, à l'ombre du monastère, ils descendirent dans le champ du repos, où on trouve encore les restes de leurs os sacrés. Aujourd'hui on ne voit plus de monastères dans les campagnes, les religieux, ces pionniers de l'Église, fondent leurs maisons dans les grands centres, parce que les villes sont retombées dans la barbarie par leurs croyances et leurs mœurs.
La vallée de l’Aude était divisée, au point de vue religieux en abbayes, prieurés et prévôtés. Ainsi l’abbaye de Saint-Martin-de-Lez avait sous sa juridiction Saint-Martin, Saint Vincent d'Axat, Artigues, Puylaurens, Lapradelle, Cailla et Saint-George, Sainte-Marie de Caunil, Saint-Etienne de Gardiole, Saint-Jean-Baptiste de Combret, Baissa, Perles, Cassagne, Barosa, Artouzols.
Le monastère de Jocou avait sous sa dépendance Marsa, le couvent de Rodome, Mazubi, Niort, Gallinagues, Lafajole, Mérial, Gébetx, Saint-Vincent de Campagna, Saint-Jean de Fontanes, Rientord, Puyvalador, Anglade, Pouch, Réal, Fontrabiouse, Espouzouille, Balcera, Angles, Castillou et Formiguère, Aunat, Bessède, le Clat, Barrancou, Gesse, Nentillas.
Saint-Pierre-à-la-Croix d'Usson étendait son droit de juridiction sur les villages de Crucem, de Gabansac, de Soumayrac, de l'Escouloubrane, de Gauzère, de Casalagis, de Pech-Redon, d'Escouloubre, d'Usson, de Rouze, de Mijanés, d'Artigues, du Pla.
Le prieuré de Richi réunissait dans son Église Richi, Maurous-Klés, Quérigut, le Puch, Carcanières, Teyxeires, Carcanet, Belfumas.
Le Bousquet, Buillac, Roquefort, Counozouls, dépendaient du monastère de Saint-André-de-Jau.
Le commencement du neuvième siècle vit surgir le sanctuaire de Saint-Jean-Baptiste à Combret au pied du pic, que couronnait le château d’Eskolibris, en aval de la fontaine des enchanteresses.
On a trouvé dans les ruines des médailles frappées à l'effigie de saint Jean et des christs en fer (Ces objets sont entre les mains de M. l'abbé Cazanove, et de Mme Perramond, née Mis, d‘Escouloubre)

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A Saint-Martin-de-Lez, à Saint-Jacques de Jocou, à Saint Pierre-à-la-Croix, à Saint-Jean de Combret, à Richi ou Maurous-Klés, à Rieutord et à Formiguère, on a découvert des tombes faites avec des pierres polies à l’intérieur, assez volumineuses, et d'une forme identique à celle que nous avons décrite dans le livre troisième. Elles portent le cachet des tombes Ataciennes devenues chrétiennes. Les squelettes sont de belle taille, et les crânes ont une longueur étonnante.

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A l’exemple de ses pères et des rois, ses prédécesseurs, Charles-le-Chauve non-seulement reconnut, mais encore aida la féodalité à s’établir sur des bases solides.
Ainsi, dans le versant de l'Aude, il donna par une charte, 870, le Rébenty et Saint-Martin-de-Lez avec d'autres domaines à Oliba, comte de Carcassonne, qui exerçait avec Alfred I, comte de Carcassonne, Wiffred-le-Velu. comte de Barcelonne et Miron, son frère, comte de Roussillon, une domination presque souveraine sur les contrées de la haute vallée de l'Aude. Trois ans après l'acte de munificence de Charles-le-Chauve, Sigebode, archevêque de Narbonne, consacra, le 17 septembre 873, l'église de Formiguère, que les comtes Wiffred et Miron avec Oliba et Alfred avaient bâtie pour le repos de leur âme et celui de leurs parents. Comme ils en avaient fait donation au monastère de Jocou et à Aulfaric, qui en était abbé, celui-ci, d’accord avec Wiffred et Miron, invita avec instance l'archevêque de Narbonne à faire la consécration de l'église de Formiguère,dédiée à la Très-Sainte Vierge Marie, mère de Notre-Seigneur Jésus, et comprenant les oratoires de Saint-Pierre et de Saint-Jean-Baptiste. La ville de Formiguère et de vastes domaines en terres fertiles firent partie de la donation faite à l'abbé de Jocou et à ses successeurs. L’archevêque signa de sa main l’acte dressé par le clerc Barnarius (HISTOIRE du LANGUEDOC, et archives de M. Mis, d'Escouloubre).
Sur son passage, Sigebode prit avec lui les abbés de Jocou et de Saint-Martin-de-Lez, et les prieurs de Saint-Pierre-à-la-Croix d'Usson et de Richi (Note HISTORIQUE, de M. Bataille. d'Odello).

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mais il survint un partage entre les deux branches des comtes de Carcassonne et de Barcelonne : le bas Razés échut à Oliba II et à Alfred I, et le haut Razés, ou pays des montagnes, fut la part des comtes de Barcelonne. Les moines ne firent guère sentir leur intervention dans ce partage; le peuple laissa faire, et les grands réglèrent leurs affaires sans provoquer la moindre crise fatale au pays. Tous les droits furent respectés : l'indépendance de Saint-Martin-de-Lez, 898, resta intacte, et dès lors ce monastère ne releva d'aucun seigneur ni d'aucune abbaye. On ne connaissait pas dans ces contrées une maison religieuse plus florissante au neuvième et au dixième siècles.
Sa renommée, arrivant aux oreilles du roi de France, lui fit ouvrir ses mains, qui la comblèrent de richesses, d'après une charte de Charles, 898, qui lui donna d'une manière irrévocable une vigne, pour attirer les bénédictions célestes sur son âme. Cette donation eut lieu grâce a l'entremise du moine Leuva, qui dans l'acte royal parle de Basile, abbé du monastère, affirme le titre de basilique donné à l'église, apprend que le Lez fait partie du Fénouillèdes et que le lieu où est situé le monastère s'appelle Bolicarme, traduit dans la langue vulgaire par Valcarme. Le roi prodiguait ses largesses, le Pape multipliait ses faveurs.
La vallée de l'Aude a eu la gloire de recevoir du pape Agapit deux bulles spéciales, datées de 950 et de 952.
...
Le Souverain Pontife Agapit ne faillit pas à la tâche. Les sanctuaires de la vallée de l'Aude eurent la gloire de faire passer leurs noms sous les yeux du Vicaire de Jésus-Christ. Il dicta à Léon, secrétaire de l'Eglise romaine, une donation faite en faveur de Ségarius, abbé de Saint-Martin-de-Lez, situé sur l'Aude, fleuve qui arrose la vallée de Valcarme dans le Lez. Cette donation comprend l'église de Sainte-Marie de Coronulis, aujourd'hui Caunil, près d'Axat, avec ses terres, ses vignes et ses appartenances ; l'église de Saint-Etienne de Bolorda, ou de la Gardiole, avec ses terres, ses vignes et ses revenus ; l'église de Saint-Jean de Combret avec ses dîmes, dans le territoire d'Escouloubre ; l'église de Saint-Pierre de Lapradelle avec toutes ses terres ; le bourg de Debuxo ou Baissa et le Perlus ou Perles, avec leurs territoires, vignes, forêts et moulins à eau ; Adesate ou Axat, avec ses terres et ses vignes ; Cassanges ou Cassagnes, avec ses métairies, vignobles, bois, etc., et la moitié de Borosa, dans la même contrée ; Attasols ou Artouzols, avec toutes ses dépendances : tous ces domaines faisaient partie du Fenouillèdes, ou du Roussillon ou du Razés (Histoire générale du Languedoc - Histoire de l’église d’Escouloubre).
Les populations qui dépendaient de Saint-Pierre-à-la-Croix, de Saint-Jacques de Jocou, de Saint-Vincent, de Saint-Jean de Combret, de Richi, de Rieutord et de Formiguère « assignèrent au prêtre desservant, outre ce qu'il avait de fixe, le droit de Tasque ou Agries sur tous les fruits qui se récoltaient. Pour Saint-Jean de Combret, on le prenait sur le terroir de ce nom, au delà du ruisseau, depuis le torrent de Py-Fourcad jusqu’à la Longadére. Ce terroir avait titre de baillie; le prêtre avait droit au dixième des fruits (Histoire de l'église d'Escouloubre). »
Ce fut une nécessité des temps d'étendre les possessions des moines, qui aidaient énergiquement les peuples à défricher toutes ces montagnes. A eux il était permis de faire des essais sur des terres vierges, essais défendus au peuple, qui doit toujours être sûr de récolter les fruits de la terre, sous peine de s'exposer à mourir de faim dans ces alpestres contrées. Les moines, au contraire, en relation avec les abbayes du beau pays de Narbonne, n'avaient pas à craindre la disette, si la terre ne leur donnait pas de fruits. Les Bénédictins, agriculteurs consommés, innovèrent la culture de la vigne, du blé, du maïs(??!) et des plantes potagères dans la vallée de l'Aude, où on ne connaissait que le seigle, l'avoine et le sarrasin. Les diverses expériences n'appauvrirent pas le monastère, quand elles furent infructueuses ; dans le succès, la voie fut ouverte et le peuple suivit avec confiance les traces des religieux. Grâce à eux, tout révélait l'ordre et l’intelligence.

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En 981, le Capsir comptait douze bourgs, où l'on parlait le Catalan ; le Donnezan, neuf; le Sault, y compris le Rébenty, dix-huit ; l'Escouloubrez, sept ; le Roquefortez, quatre ; le Lez, cinq (Histoire Générale du Languedoc).

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Les personnages les plus illustres du Midi de la France et de la Catalogne vinrent à leur tour visiter la haute vallée de l'Aude et assister à la consécration de l'église de Saint-Martin-de-Lez. Ce monastère avait les plus beaux privilèges. Sous le règne de Henry, roi de France, Guifred, évêque de Carcassonne, sur les ordres de Guifred, archevêque de Narbonne, vint faire, au milieu d'une foule immense, la dédicace de l'église du monastère, dont le maître-autel était consacré au saint pontife Martin, auprès duquel reposaient les gages sacrés des saints Just et Lazare. Sur la droite étaient érigés des autels en l'honneur du Sauveur du monde et de tous les Saints.
On y découvrit des Reliques. Un autel était aussi dédié à la Sainte-Vierge, dont une partie des précieux habits était en la possession du couvent.
L'Apôtre saint Jean, vierge comme Jésus-Christ, eut aussi dans cette église l'honneur d'un culte particulier. Là on trouva encore une quantité prodigieuse de Reliques de Saints inconnus des hommes, mais dont les noms sont inscrits dans le livre de vie. Voilà pourquoi le pontife Guifred ordonna que tout ce qui avait été donné dans les temps antérieurs et tout ce qui serait donné à l'avenir au monastère de Saint-Martin, devait rester sous la puissance de l'abbé de ce lieu et des moines (qui y passeraient leur vie. Il voulut aussi que le franc-alleu y fût reconnu sans que personne, noble ou roturier, osât exercer aucun genre de violence ni sur l'abbé, ni sur ceux qui résideraient dans les limites de ce lieu. Ces limites étaient Salvezines, l'Erole, qui est vers Campérier, la colline des Olives, l'extrémité du chemin qui vient d'Artouzols, le chemin qui vient de Belvianes, la Fage, et le chemin qui vient du Caunil. On défendit de faire violence à l'abbé, à ses moines, à ceux qui viendraient se réfugier dans cette abbaye ou qui se tiendraient dans les limites de ses domaines, seraient-ils coupables de quelque crime. Le pénitent qui demandait un asile à ce monastère avait la liberté d'y rester tout le temps qui lui conviendrait, pourvu qu'il assistât à l'office divin et qu'il reçût l'absolution de ses fautes. Du consentement de son métropolitain, Guifred, évêque de Carcassonne, ordonna qu'aucun de ses successeurs ne pût excommunier ni interdire ce monastère et les églises soumises à sa juridiction, comme Saint-Pierre de Lapradelle, Saint-Jean de Combret, Sainte-Marie de Caunil, Saint-Etienne de Voluta, Saint Michel d'Artouzols. En retour, fut promise à tous les bienfaiteurs l'absolution de leurs péchés. Guifred signa cette constitution de sa main, et frappa d'anathème les envahisseurs et les rebelles. Avec lui signèrent Olive, évêque d'Ausonne ; Bernard, de Béziers ; Pierre, évêque de Géronne ; Arnaud, évêque de Toulouse ; Guilhaume, évêque d'Urgel ; Bérenger, évêque d'Elne ; Bernard, évêque de Couserans ; Matfred, archidiacre de Saint-Pons, qui écrivit cette dotation et cet acte de consécration (Histoire de l'église d'Escouloubre et Histoire générale du Languedoc).
Cent ans avant nous, François Mis, l'auteur de l'Histoire d'Escouloubre, traduisit cette pièce, et sa version, conforme à notre résumé, est un sûr garant de notre interprétation. « L'an 1045, eut lieu la consécration de l'église de l'Abbaye de Saint-Martin-de-Lez, et il s'agit de Sancti Joannis in Combreto ecclesia. Saint-Jean-de-Combret payait, dit-il, une portion de dîme au monastère de Saint-Martin-de-Lez ou de la Pierre-Lys (Histoire de l'église d’Escouloubre - Histoire de l'église, par l'abbé Darras, vol. XIX.). »
Inutile de dire que les abbés des monastères voisins, les prieurs, les prévots, les moines, les prêtres de la vallée de l'Aude, assistèrent à cette imposante cérémonie. Chacune de toutes les classes de la société des contrées pyrénéennes rehaussa par sa présence cette auguste assemblée d'évêques et donna un éclatant témoignage de Foi.
Quel spectacle de voir dans le site le plus disgracié de la nature, autour de l'abbaye de Saint-Martin-de-Lez, des barons et des bourgeois, des marquis et des vilains, des ducs, des manants, des serfs, des châtelaines, des paysannes, des écoliers et des ignorants, le froc du religieux et le brillant habit du seigneur, le christ des abbés et l'épée du guerrier, la soie frottant la bure, le cheval élégamment caparaçonné à côté de la pauvre monture du travailleur ! Autour de la basilique, pas de caste, point de privilèges, point de faveurs. Tous ne faisaient qu’un seul peuple ; tous étaient égaux devant Dieu et son Église, parce que tous s’aimaient d'après les règles évangéliques.
Dans cette réunion on n’oublie pas le Pape, le chef des pasteurs, le Père de tous, qui, absent de corps, présida par ses bulles cette immense assemblée. La vénération, l'amour filial, l’obéissance envers le Souverain-Pontife de Rome, se sont perpétués jusqu’à nos jours dans le cœur des rejetons de cette société qui fut la gloire de nos montagnes dans le onzième siècle. Les moines ou les prêtres qui parlent au nom du Pape, ont vite subjugué la confiance du peuple, qui s'adresse à eux à cœur ouvert.

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Bernard de Besalu ne put tolérer, dans son âme chrétienne, les graves désordres qui se glissèrent dans l'abbaye de Saint-Martin-de-Lez, ni supporter le crime de simonie qui souilla de son hideuse bave ce monastère autrefois si pur. quantùm mutatum ab illo! L’abus de la liberté enfante le désordre ; la prospérité des nations, des cloitres, des familles, des individus, est la fille de l'obéissance absolue aux lois de Dieu ; comme la décadence et la ruine proviennent toujours du mépris et de l'inobservation du décalogue.
Bernard prit l’énergique résolution de rétablir la régularité dans Saint-Martin, 1070. Il y réussit, et, pour maintenir les réformes, il le soumit à l'autorité de Frottard, abbé de Saint-Pons, déclara qu'il ne souffrirait d'autre abbé que celui qui y serait envoyé de cette dernière abbaye, et défendit à ses successeurs d'y exercer aucune domination. Udalger de Fénouillédes, qui souscrivit à cet acte, était vicomte de ce pays. Le monastère de Saint-Martin perdit le titre d'abbaye, et ne fut plus qu'un prieuré conventuel dépendant de l'abbaye de Saint-Pons (Histoire générale du Languedoc). Les faits justifient la mesure sous tous les points de vue. Les saints anathémes avaient tenu loin de la frontière du Lez l’hérésie de Simon le magicien, et l'Église se réjouit, durant plusieurs siècles, de la florissante expansion de la religion.
Bernard, lieutenant de Dieu, a la vue du mal, combattit les ennemis du Christ et de son culte, les attaqua par tout et les poursuivit jusqu'à une complète ruine.
Bernard, en voyant la simonie se commettre à ciel ouvert, la spoliation s'accomplir sans honte, le pillage de tous les biens sacrés et profanes exercé par des hommes pervers, les règles Bénédictines foulées aux pieds dans le monastère de Saint-Martin-de-Lez, réduit à un état si déplorable qu’il fut totalement abandonné et transformé en désert, prit toutes les mesures pour le remettre sous la bonne autorité de Frottard et de ses successeurs, le huit des calendes de février 1070.
En perdant sa gloire, Saint-Martin-de-Lez perdit ses privilèges et sa juridiction sur Sainte-Marie de Caunil, Saint Etienne de Voluta, Saint-Michel d'Artouzols, Saint-Pierre de Lapradelle, Saint-Vincent d'Axat, Salvezines, Saint-Jean de Combret, Saint-Pierre-à-la-Croix et Richi.
Les crimes de Saint-Martin jetèrent l'ignominie sur le front virginal des églises voisines, ses filles, qui, préférant la mort à la honte de vivre déshonorées, se couchèrent couvertes du linceul dans la tombe, heureuses d'être à jamais effacées de la mémoire des hommes et de la face de la terre. Ces églises furent souvent spoliées par une secte d'hérétiques, du nom de Pastoureaux, appelés vulgairement Vigatas, qui plus tard firent cause commune avec les Albigeois. De leurs rangs sortit sans doute quelque faux moine, qui en pervertit d'autres, et dès lors la simonie osa montrer sa hideuse face à front découvert.
« Les habitants de ce pays furent exposés à être pillés par les Vigatas à tout instant ; aussi ils étaient toujours alertes pour s‘en défendre et leur faire la guerre (Histoire de l'église d'Escouloubre). »

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Les habitants de l'Escouloubrez se déterminèrent à construire une chapelle dans le hameau d'Escouloubre, à cause de l’éloignement de Saint-Jean de Combret. Saint Estève ou Etienne fut choisi pour patron du nouvel oratoire, où on célébra les offices depuis la Toussaint jusqu'au vingt-quatre juin, fête de Saint-Jean-Baptiste. Le prêtre qui desservait Combret résolut de quitter le pays à cause de l’inclémence de l'hiver, et donna ses titres et ses revenus au chapitre des Saints Just et Pasteur de Narbonne, à la condition de faire desservir l'église de Saint-Jean. Le presbytère de Combret était contigu à l’oratoire, et à côté de la tour se trouvaient des maisons habitées, au nombre à peu près de douze ou quinze d’après les vestiges. Les deux champs d'Elsola furent la propriété de Saint-Jean, qui paya une portion de dîme au monastère de Saint-Martin-de-Lez, une autre au chapitre des Saints Just et Pasteur, une autre à l'abbaye de Saint-André de Jau, que les Bénédictins et les Templiers possédèrent longtemps par moitié. Il y a aussi grande apparence que Saint-Jean paya une part de dîme au monastère de Saint-Jacques de Jocou, vu que le chapitre de Saint-Paul-de-Fénouillet, qui prit la dépouille dudit monastère de Jocou, prit une troisième portion de la dîme d'Escouloubre. Le couvent de Saint-André préleva un droit de tasque dans la baillie de Combret, au lieu appelé le Kounc, en deçà. et en delà du col, même aux Aygues et Terrablanqua, terroir du Bousquet. Le second jour du mois de novembre, en fermait l'église de Saint-Jean jusqu'au vingt-quatre juin, sauf les jours où il y avait quelque sépulture à faire. On pratiqua cet usage environ soixante ans, au bout desquels on porta les cloches, les ornements, le retable et tous les autres objets du culte, à la chapelle d'Escouloubre, qui pour lors devint leur église, à côté de la place (Histoire de l'église d'Escouloubre). »
Roquefort et Buillac imitèrent Escouloubre et bâtirent leur église, qui eut le titre d'église paroissiale. Le Rébenty et le Capsir subiront des transformations moins complètes. Cependant l'oratoire de Fontanés, celui de Gesse et une chapelle au delà de Bessède ne virent plus le peuple se réunir dans leurs enceintes. Jocou et Niort gardèrent leurs privilèges (Histoire de l'église d'Escouloubre).

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Les grands seigneurs, maîtres depuis plusieurs siècles de la vallée de l’Aude, virent ces droits considérablement réduits par les vainqueurs de Muret (1213). Pour les défenseurs des Albigeois plus d'illusion ! La ruine de leur prestige et la ligue tramée contre eux par les soldats de Simon de Montfort leur montrèrent dans tout son jour la chute de leur fortune. Aussi les comtes de Foix et les héritiers du roi d'Aragon se gardèrent d'étaler dans ces contrées la même fierté envers des hommes ivres des joies de la victoire, enthousiastes de leur noblesse, fidèles au roi et à ses généraux, bons envers le peuple, heureux de jouir d'une opulence inconnue jusque-là. Assez puissants pour imposer au seigneur voisin le respect de leur indépendance, trop faibles pour braver leur souverain, Pons d'Alanat, de Sautou, de Nasasclas, d'Orègue, de Niort, de Roquelaure, les abbés de Jocou, de Jau, de Saint-Martin, le prévôt de Formiguères, le prieur de Rieutord, les Recteurs de Rouze et de Saint-Félix, de Buillac-Roquefort et de Counozouls, d'Aunat et de Saint-Vincent d'Axat, les religieux de Saint-Paul, les Pagés de la vallée de l'Aude, sous la sage et intelligente conduite de d'Alion d'Usson, jurèrent fidélité au roi de France.

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l'aliénation des terres inutiles à la couronne fut un moyen de peupler les déserts de ces montagnes et d'y retenir la population, d'assurer un revenu au trésor, de récompenser les soldats braves, de protéger la France de l'invasion subite, de tenir en échec les seigneurs trop puissants, de favoriser la religion au milieu d'un peuple dont les mœurs se ressentaient des erreurs des Albigeois. Alors s’établirent et se développèrent sous la tutelle royale les seigneuries d'Escouloubre, de Carcaniéres, de Counozouls, d'Axat et de Gébetx ; l’archevêque de Narbonne, qui, dès 1305, possédait les terres de Gébetx, de Mérial et de Lafajolle, obtint un acte de confirmation qui fit cesser toute contestation (Histoire de l'église d'Escouloubre).
De Pons d’Alanat veilla sur Artigues en Donnezan ; l'abbé de Jocou domine sur le Rébenty ; le roi sur Niort, Rodome et Fontanés ; l’abbaye de Jocou sur Aunat et Campagna ; le comte de Fénouillèdes sur Axat, Saint-Martin-de-Lez et Saint-Georges ; le comte de Foix sur Usson, Rouze, Mijanés, Quérigut, Teyxeires, Maurous-Klés, Belfumas, Carcanet ; d'Anouilhez sur le Pla ; de Roquelaure sur Carcaniéres et le Puch ; de Montferré sur Réal, Odello et Punch ; le roi d'Aragon sur Creu, Puyvalador et Castillou ; le prévôt de Formiguéres sur Formiguères et Rieutord.

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Tout le mobilier de Saint-Jean de Combret, cloches, rètables, ornements, vases sacrés, croix, bénitiers, tout fut porté à la nouvelle église de Saint-Etienne, où il y eut : une chapelle dédiée à saint André. Saint Eutrope avait son oratoire au Portés ; saint François, le sien a côté de la fontaine du Saint ; sainte Magdeleine, au col du Buis.
Les débris des vieilles églises ont servi à bâtir les presbytères, les châteaux et les églises qui se sont succédé dans le village actuel d'Escouloubre (Histoire de l'église d'Escouloubre).
François Mis a vu les restes de toutes ces chapelles, de ces églises et des châteaux, à Combret, à Saint-Martin, au Monesty, à Gesse, à Saint George, à Richi et à Balcéra. Aujourd’hui on a presque oublié leurs noms, Mors saxis nominibusque venit (Archives de la mairie d'Aunat).

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Les habitants du Rébenty, du Lez, du Roquefortez, d'Escouloubre et du Donnezan rejetèrent avec obstination la doctrine protestante, malgré la propagation ardente que les apôtres du Calvinisme, soutenus à outrance par la cour de Navarre, firent dans ces montagnes. Les religionnaires ne pouvaient pardonner à des peuples inébranlables dans leur foi. Alors ils arrivèrent armés ; des bandes détruisirent de fond en comble le couvent de Saint-Martin-de-Lez (Histoire générale du Languedoc), saccagérent Quillan, Alet, Bélesta, Urs (Histoire du compté de Foix), et réussirent à faire peu d’adeptes ; il n'est pas resté trace du Calvinisme dans la haute vallée de l'Aude.

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A ce trait de la vie de Pavillon vient se joindre un fait digne d'éloges. Durant sa visite épiscopale à Axat, il apprit qu'il y avait une fille malade au hameau de Saint-Martin-de-Lez, qu'il n'y avait pas de prêtre, tant les chemins, le long de la vallée, étaient impraticables. Pavillon alla au secours de la malade, passa au Pas-de-Lesplandy, qui est un bout de chemin long de quatre toises sur un rocher qui est fort incliné : vers le milieu il y avait de petites cavités, où il fallait mettre le pied sans pouvoir le fixer solidement et au risque de tomber dans le précipice. Pavillon instruisit la paralytique, la confessa, et remonta à Cailla chercher le saint viatique. Après avoir administré cette pauvre chrétienne, il visita les lieux et avisa aux moyens de procurer aux habitants les secours spirituels.
« Il érigea en cure le prieuré ruiné, fit bâtir une église et un presbytère, fit aussi au Pas-de-Lesplandy un ouvrage qui rendit le passage moins dangereux; ce fut un mur d'appui qu’on éleva a cet endroit (Vie de Pavillon, évêque d’Alet.). »
Le Rébenty et le Lez s'attachèrent à cet évêque, et le Donnezan et le Capsir lui donnèrent des preuves de leur plus vive affection.

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Le clergé stigmatisa la spoliation des églises que les chrétiens de tous les siècles avaient dotées de leurs biens. La phalange des prêtres qui refusèrent le serment à la constitution civile du clergé, se composa de Félix Armand, curé de Saint-Martin-de-Lez, Peyriga, curé de Saint-Félix en Donnezan, Henri Beille, vicaire de Saint-Félix. exécuté à Carcassonne, Fons de Lagardie, Trilles, vicaires en Donnezan, Antoine Beille, curé de Rouze, Delmas, curé d’Aunat, Uteza, curé de Quillan, Uteza, curé de Cornanel, Chinaud, curé de Puylaurens, Jeau-Pierre Bousquet, curé d’Escouloubre, Jean-Baptiste Bousquet, vicaire de Carcanières, Carau, curé d'Axat.

Annexe 9 - Abbé Bène - Recherches historiques sur Frotard15 (1875)

Ce texte donne une traduction presque complète de l'acte de donation de l'abbaye de Saint Martin à Saint Pons. Il reprend dans ses annexes les textes de la consécration de l'abbaye et de donation de l'abbaye à St Pons (version identique à celle de histoire générale du Languedoc)
Dans les environs de Girone, vivait alors Bernard comte de Besalu. C'était un de ces hommes comme on en voit trop peu, qui conformait la pratique de sa vie à ses convictions, c'est-à-dire aux sentiments chrétiens les plus élevés et les plus purs, et à l'intelligence complète de la religion. Selon l'usage de la province, dont il était un des princes, il s'était rencontré à l'assemblée de Girone ; il avait écouté cet appel incessant de la Papauté pour amener à résipiscence les laïques usurpateurs et les clercs simoniaques, et mettant sans retard la main à l'œuvre, il résolut d'introduire la réforme dans ses états.
Le monastère de Saint- Martin de Lez entre autres avait subi une décadence des plus rapides. Il y avait à peine vingt-trois ans, qu'au milieu d'un grand concours de population, on avait consacré son église (Voir l'acte de consécration, Pièces justificatives, N° VI.). Là, on avait vu Oliba évêque d'Ausone, Bernard évêque de Béziers, Pierre évêque de Girone, Arnaud évêque de Toulouse, Guillaume évêque d'Urgel, Bérenger évêque d'Elne, et d'autres encore, assistant l'évêque de Carcassonne, que le métropolitain de la province avait délégué pour cette consécration. Et, aujourd'hui, par le fait des simoniaques, par les usurpations laïques, par l'abandon de la règle de la part des moines découragés, sur les bords du fleuve d'Aude, dans la vallée de Lez (Lenis), que l'antiquité appelait Bollecarne, le monastère de Saint Martin était un véritable désert. Pourtant, si monastère avait été enrichi de reliques précieuses, c'était bien celui-là, qui renfermait celles de saint Just et de saint Lazare, ainsi qu'une quantité vraiment notable des vêtements mêmes de Marie toujours vierge.
Le comte de Besalu résolut de mettre un terme à cette lamentable ruine, et il offrit à l'abbé de Saint-Pons de Thomières de se charger de l'abbaye, en y introduisant la réforme de son monastère.
Voici quelques extraits de la charte d'union (Voir cette charte, Pièces justificatives, Nº XI.), union qui suivit de près, un an environ, le concile de Girone de 1068 :
« Puisque, par la permission de Dieu, nous voyons l'hérésie simoniaque chassée de notre patrie, aiguillonnée dans sa fuite par les saints décrets ; puisque nous voyons, en nombre d'endroits, l'Eglise de Jésus-Christ se réjouir de la restauration de la religion, il est juste que, nous aussi, à notre tour, nous de venions les auxiliaires de Dieu et que nous courions sus à ses ennemis avec confiance, courage et persévérance, jusqu'à ce que la sainte Eglise se réjouisse autant de nos labeurs, pour l'accroissement de la religion, que nous nous réjouissons du salaire divin qui sera notre récompense. Aussi, moi, Bernard comte de Besalu, voyant au territoire de Fenouillèdes, au lieu de Lenis, sur le fleuve d'Aude, un monastère consacré à saint-Martin, tantôt la proie des simoniaques, tantôt celle des usurpateurs laïques, privé de toute sainte règle, réduit à presque rien et de toutes façons solitaire et transformé en désert, j'ai le pieux désir de le restaurer... C'est pourquoi,.. pour que Dieu nous recueille dans sa piété et dans le sein agrandi de sa miséricorde, je donne à Dieu tout-puissant, au monastère de Thomières, en mains et pouvoir de l'abbé Dom Frotard, et de ses successeurs, le susdit monastère de Saint-Martin, pour être en propre, libre et franc alleu, au pouvoir et à la possession de l'abbaye de Saint-Pons et sous la domination de l'abbé Frotard et de ses successeurs, pour qu'il soit au service de Dieu, sous l'ordre et la règle de saint Benoît ; pour que personne n'y soit jamais élu et constitué, si ce n'est par l'abbé de Saint-Pons, et que, moi mort, ni comte, ni abbé, ni personne n'ait pouvoir ou domination sur ledit monastère de Saint-Martin et ses dépendances. Que personne n'ait non plus juridiction sur les adultères, les homicides ou autres délits criminels ; si ce n'est l'abbé de Thomières, ainsi que ceux qui, par sa volonté et son ordination, seront mis à la tête du monastère de Saint-Martin, etc.
Le 8 des calendes de février, l'an 1070 de la Nativité, la 10e du règne du roi Philippe. »
Comme on le voit, la donation vise évidemment les décrets du concile de Girone contre les simoniaques et les usurpateurs laïques. Il laisse la nomination de l'abbé de Saint-Martin à l'abbé de Saint-Pons tout seul, à l'exclusion de toute autre élection faite sous l'influence et par la protection laïques. Il donne le monastère, non-seulement avec ses dépendances territoriales, mais encore les justices haute et basse, en propre, libre et franc alleu, ce qui exclut l'immixtion de toute puissance étrangère au monastère, et assure aux moines l'indépendance la plus haute. C'est de la réforme et de la plus radicale ; ce qui nous prouve, contre l'assertion de plusieurs, que lorsque Grégoire Vil monta sur le trône pontifical, l'œuvre du moine Hildebrand était en bonne voie de réalisation.
Bernard de Besalu ne s'arrêta pas à ce seul acte de réparation ; nous le retrouverons bientôt chrétien de plus en plus énergique, prêtant main-forte aux décisions d'un autre concile, assemblé cette fois par ordre de saint Grégoire VII, et où notre abbé Frotard, associé à Amat, évêque d'Oléron, présidait en qualité de légat. Mais avant d'entreprendre le récit de la légation, il nous faut mentionner rapidement quelques donations que l'abbaye de Saint-Pons reçut en la personne de l'abbé Frotard.[...]

Bibliographie

1site de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude (SESA)
2 Abbé Maurice Mazières - Compte-rendu d’une recherche historique à Saint-Martin-Lys, MSASC (Mémoires de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne), 4e série, t. IV, années 1960-1962 (extraits repris des fiches de la SESA)1
3 Histoire générale de Languedoc en 5 tomes publiés de 1730 à 1745 par claude DEVIC et Joseph VAISSÈTE
4 Abbé SABARTHÈS - Dictionnaire topographique du département de l'Aude comprenant les noms de lieu anciens et modernes
5Jean Lautier, « Le monastère de Saint-Martin-Lys », Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, t. XCV,1995 page 83
6 Louis Fédié - Le Comté de Razés et le diocèse d'Alet: notices historiques - Carcassonne 1880 p 324 à 330)
7 Recherches historiques sur la ville d'Alet et son ancien diocèse par l'Abbé J.T. Lasserre
8 Gallia christiana in provincias ecclesiasticas distributa.
9 Griffe Élie. La réforme monastique dans les pays audois (seconde moitié du XIe siècle). In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 75, N°64, 1963. Actes du colloque international de Moissac (3-5 mai 1963) pp. 457-469
10 Bulle adressée à Aymeric, abbé de Saint-Pons, entre les années 1130 et 1140; publiée par P. Kehr, Papsturkunden in Spanien, t. II : Navarra und Aragon, Berlin, 1928, p. 333-337. Elle fut confirmée par Lucius III en 1182.
11 Histoire de Languedoc3, t. V, col. 571.
12 Bibliothèque municipale de Narbonne, Inventaire Rocques des actes et documents de l'archevêché de Narbonne, t. III (1639), folios 370-400.
13"Vie de Félix Armand, curé de Saint-Martin, diocèse de Carcassonne; Auteur de la route de la Pierre-Lis" par M. J.-P. DE LA CROIX (pseudonyme de Jean-Pierre Cros-Mayrevieille).)
14Abbé Jean Baptiste De Roquelaure « tablettes des ancêtres - histoire de la haute-vallée de l'Aude d'après des documents authentiques inédits (Rébenty, Roquefortez, Lez, Escouloubrez, Donnezan, Capsir, de Quillan à Formiguère) » imprimé par imprimerie nouvelle j. PARER, 40 rue de la préfecture. Carcassonne - 1879
15Abbé Bène - Recherches historiques sur Frotard : dixième abbé de Saint-Pons de Thomières - de l'imprimerie de Jean Martél Ainé - 1875

16Les feuillets manuscrits du livre D'Axat de l'abbé Henri Boudet sont reproduits dans "L'Alphabet Solaire" de Jean-Luc Chaumeil et Jacques Rivière

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