Saint Martin Lys
Samuel Henry Berthoud
L'abbé Armand

Félix Armand dans le musée des familles

Félix Armand dans le "Musée des familles"
Les images ci-dessous sont issues de "Les histoires de mon oncle Samuel" (Source gallica.bnf.fr)

En 1807, vers le commencement de l'été, un régiment de hussards traversa Carcassonne.
Les officiers de dragons qui tenaient garnison en cette ville offrirent un banquet à leurs camarades, et jamais repas de corps ne fut aussi gai et aussi bruyant. On but tant de fois à la santé des braves cavaliers, on porta de si nombreux toasts à l'empereur Napoléon et à la gloire des armes françaises, que fort peu de convives gardèrent leur sang-froid ; les plus calmes s'amusaient à casser les glaces du salon et à jeter par la fenêtre les porcelaines. Le banquet se prolongea jusque vers onze heures du soir.
Quand on sortit de table, à peine restait-il dans Carcassonne quelques maisons éclairées.
Tout le reste de la ville dormait. Jugez de la joie qu'éprouvèrent les officiers, échauffés par le vin, à réveiller par leur tapage les bourgeois pleins de frayeur. Tantôt ils criaient au feu, et saluaient de huées les têtes effarées qui se montraient tout-à-coup aux fenêtres ouvertes avec effroi. Tantôt ils décrochaient les enseignes, frappaient aux portes et se livraient à mille extravagances. Le temps se montrait complice de ces folies, car un orage affreux éclatait sur la ville, la pluie tombait par torrents, le tonnerre grondait, et de larges éclairs venaient tout-à-coup jeter une lueur rouge dans l'obscurité profonde des rues.
Ce fut à la clarté rapide d'un de ces éclairs qu'un groupe de sept ou huit sous-lieutenants aperçut un homme abrité sous un large parapluie et qui semblait s'être perdu dans la ville; car il marchait en hésitant et comme quelqu'un qui ne sait de quel côté diriger ses pas. A la fin, il parut éprouver une sorte de joie en apercevant l'écriteau d'une rue à demi éclairée par la lampe vacillante d'un réverbère.
Il s'approcha pour mieux lire ; mais, au même instant, une pierre lancée par un des hussards brisa le réverbère. Les jeunes fous, après avoir ri aux éclats de cette belle équipée, entourèrent la victime que leur livrait le hasard et lui demandèrent bruyamment une place sous son parapluie.
— Messieurs, leur répondit une voix douce mais ferme cependant, si je pouvais être utile à l'un de vous et le garantir de la pluie, je le ferais avec empressement. Mais comme des officiers n'ont guère l'habitude de se servir de parapluie, et que le mien, quelque grand qu'il soit, ne saurait abriter neuf personnes, je vous prie de me laisser continuer ma route et gagner un gite.
— Le parapluie! il nous faut le parapluie !
Avec un sang-froid et une résignation qui eussent touché et désarmé les écervelés si le vin n'eût point troublé leur raison, l'ecclésiastique leur remit le parapluie. rajusta son manteau sur ses épaules et voulut s'éloigner Mais ce n'était pas le compte des jeunes gens.
— Halte-là, qui vive! fit l'un d'eux en imitant le cri d'une sentinelle ; où allez-vous ? qui êtes-vous ? que venez-vous faire ici ?
— Vous me permettrez, messieurs, de ne point répondre à ces questions, interrompit celui à qui s'adressaient tant d'impertinentes paroles.
Et il marcha en avant.
Peut-être allaient-ils lâcher leur proie, quand, par malheur, un nouvel éclair resplendit et leur montra que celui dont ils venaient de prendre le parapluie était vêtu d'une soutane, que ses cheveux poudrés se cachaient sous un tricorne, qu'en un mot c'était un prêtre. A l'époque dont nous parlons, la plupart des militaires ressentaient pour ce qu'ils nommaient un calotin presque autant d'aversion qu'ils professaient de mépris pour les pékins. L'esprit révolutionnaire et ses tristes erreurs, encore tout-puissant sous ce rapport dans les idées de l'armée, montrait comme odieuses ou comme ridicules la croyance en Dieu et les pratiques religieuses. On n'en était même plus à la philosophie de Voltaire ; on ne connaissait que celle de Pigault-Lebrun et du Citateur ! de grossiers sarcasmes et de brutales railleries contre le saint Évangile.

Félix Armand à Carcassonne

Vous pouvez juger de la joie des sous-lieutenants quand ils s'aperçurent que le vieillard était un prêtre! Ils lui adressèrent mille propos insolents, et finirent par former autour de lui une ronde, non sans chanter des couplets égrillards, non sans répéter des refrains impies.
Le prêtre croisa paisiblement les bras sur sa poitrine, et souffrit ces insultes avec une force et une patience qui certes eussent désarmé les officiers, si le vin n'eût point troublé tout à fait leur raison.
Cela dura jusqu'au point du jour, c'est-à-dire près de quatre heures. A la fin, trempés jusqu'aux os par l'orage, vaincus par la fatigue, et désarmés par l'inaltérable résignation du vieillard, ils cessèrent leur persécution et se retirèrent chacun chez eux, laissant le prêtre libre de continuer son chemin.
Le lendemain, toute la ville de Carcassonne s'occupait de cette aventure ; les personnes qui habitaient le quartier où la ronde s'était dansée avaient vu, de leurs fenêtres, la scène scandaleuse, sans oser cependant venir en aide à l'ecclésiastique; car c'était s'exposer inutilement aux mauvais traitements des étourdis.
Quoi qu'il en soit, malgré la crainte qu'inspirait la force militaire, on se demandait à haute voix, parmi les gens du peuple, si, parce que l'on portait un sabre, on pouvait impunément troubler, pendant la nuit, le repos d'une ville, insulter aux passants inoffensifs, et se livrer à de mauvais traitements sur un vieillard et sur un prêtre.
Ces bruits arrivèrent jusqu'au général qui commandait la divison, et qui résidait alors à Carcassonne. C'était un vieux soldat, criblé de blessures et dont l'armée entière connaissait la bravoure. Lorsqu'il reçut des hussards, le lendemain dans la journée, la visite du corps que l'état-major de chaque régiment doit selon l'usage, au chef militaire du département qu'il traverse, le général se plaignit au colonel du scandale commis la veille, et demanda que les coupables fussent signalés. Un silence profond suivit cette question adressée d'un ton sévère.
— Puisque vous ne voulez point me répondre, dit-il, je répondrai pour vous, messieurs. Les sous-lieutenants que je vais nommer monteront sur-le-champ à cheval, et attendront mes ordres dans la cour de l'hôtel.
Et il nomma les huit étourdis qui, la veille, avaient insulté le prêtre.
La discipline militaire oblige à une obéissance passive et sans réplique ; les jeunes gens allèrent donc chercher leurs chevaux et revinrent immédiatement chez le général.
Celui-ci, accompagné du colonel, monta lui-même à cheval, et fit signe aux sous-lieutenants de le suivre.
Ils obéirent. Après une marche qui dura plusieurs heures, ils traversèrent à la petite ville de Quillan, et la traversèrent sans s'arrêter. Jusque-là, le général n'avait point prononcé une seule parole; il se montra plus communicatif au sortir de Quillan. Cette taciturnité de leur chef, le sentiment de leur faute et l'incertitude du motif et du terme de leur excursion, ajoutaient encore à la tristesse des lieux que traversaient les officiers. Certes, on ne saurait imaginer une nature plus sauvage que celle des flancs inférieurs de la montagne de Quirbajou ; et néanmoins, au-delà de ces flancs, sur les hauts plateaux qui s'échelonnent jusqu'aux Pyrénées, tout devient encore plus désolé. A peine rencontre-t-on, çà et là, quelques sapins; enfin, le sol ne produit, dans ses parties fertiles, que de la bruyère.
Les officiers virent le Quirbajou , qui se déploie à droite en sortant de Quillan, s'effacer peu à peu derrière les croupes intermédiaires dont les versants se rapprochaient si fort que les arbres dont étaient couronnées chacune de leurs crêtes se confondaient et formaient une sorte de berceau de verdure. La route s'inclina tout à coup busquement, les pentes s'évasèrent, et un bruit étrange se fit entendre. C'était le fracas de l'Aude qui débouchait, à droite, d'un canal percé dans la montagne, et qui faisait mouvoir les rouages d'une forge.
Les voyageurs tournèrent ensuite le coude de la montagne à laquelle la forge est adossée : le Quirbajou reparut sur leurs têtes, d'autant plus rapproché, que les officiers touchaient presque à la courbure de son arc. Plus bas, à un demi-mille devant eux, ils trouvèrent le village de Belvianes, sur le bord de l'Aude. Là, cette rivière cessa de se montrer à leurs regards; une vaste montagne se dressait sur ce point, et semblait se réunir au Quirbajou sans solution de continuité. Que devenait donc l'Aude ? où se trouvait son issue ?
Tandis que le petit escadron cherchait à deviner ce problème, ils tournèrent la base du mamelon, et le Quirbajou, un instant caché par le village, se montra de nouveau à leurs regards, mais fendu du sommet à sa base par une brèche immense, hérissée confusément de pointes de rochers : c'était à travers cette brèche que l'Aude rampait et se frayait un passage.
Cette brèche se nomme la Pierre-Lis. Là, plus de sentier possible; il fallut que les officiers missent pied à terre. Quand ils eurent franchi les sentiers escarpés qui conduisent à travers cette brèche redoutable et périlleuse, le chemin se replia à droite, et ils arrivêrent près de l'abbaye en ruines de Saint-Martin-du-Leez.
Non loin, sur le versant de la rive droite, à quelques centaines de pieds au-dessus du fleuve, deux rocs gigantesques, surmontés de croix et inclinés l'un vers l'autre comme deux cornes menaçantes, abritaient sous leur voûte tout un village avec son modeste clocher. Les champs se pressaient alentour, laborieusement étagés par des murs sans ciment, façonnés de pierres plates dont le sol est couvert ; ils se hérissaient de maigres et rares moissons, d'arbres rabougris, et de frêles ceps de vigne, dont les racines, dénudées de la couche de terre végétale que ces murs sont chargés de contenir, pendaient le long des ravines et des brèches dont les orages les avaient criblés de toutes parts.
Le village lui-même n'était qu'une véritable agrégation de masures : un ravin profond le traversait dans toute son étendue. Dans la saison des pluies, il débordait souvent à l'improviste, emportait dans la rivière, devenue elle-même un indomptable torrent, masures et habitants; ou bien un bloc de rocher se détachait comme la foudre et écrasait les malheureux dans leur sommeil.
Quelques poutres jetées sur la rivière servaient de pont aux habitants. Ce village portait le nom de Saint-Martin-Pierre-Lis.
— Messieurs, dit alors le général, voici, n'est-ce pas, un pays triste et malheureux ? Eh bien ! vous ne connaissez point encore toute l'étendue de cette tristesse et de ce malheur. Emprisonnés à droite par le Quirbajou et par la forêt de Fanges que vous voyez couvrir les plateaux de l'autre part de la brisure, bornés à gauche par un pays encore plus escarpé que le leur, les habitants de Saint-Martin n'ont d'autre ressource, pour gagner leur vie durant la mauvaise saison, que d'aller vendre du bois à Quillan. Une distance d'une lieue et demie les sépare à peine de cette ville; et cependant, naguère, il leur fallait employer toute une journée et s'exposer à mille périls pour faire ce trajet. L'été, ces braves gens qui abattent les sapins nécessaires au commerce et à la marine, se trouvaient obligés de traîner ces arbres à force de bras, de la forêt de Fanges jusqu'au sommet de la brisure de la Pierre-Lis. Là, ils les précipitaient dans l'Aude; une fois le bois à l'eau , il fallait qu'un bûcheron montât sur l'arbre et le guidât à travers les rochers de l'abîme, des anfractuosités desquels il devait souvent l'arracher au moyen de harpons, et au péril de sa vie. Car les bûcherons accomplissaient dans l'obscurité ce périlleux travail, et de grosses pierres, qui se détachaient des parois, les écrasaient.
Un homme, messieurs, a conçu la généreuse pensée de vaincre la nature de ces lieux redoutables et de devenir le bienfaiteur du malheureux pays que vous voyez.

Félix Armand sur son lit de mort

Pour cela, il fallait créer une route, qui formait la corde de l'arc immense de la brèche, c'est-à-dire ouvrir une Voie à travers une masse énorme de rochers. L'homme qui rêva ce projet gigantesque est pauvre et obscur, mais il a mis sa foi en Dieu, et il réussira.
Prêtre instruit et d'un haut mérite, on lui offrit une cure productive ; il la refusa, et demanda la cure de Saint-Martin. Là, il étudia les lieux, médita sans cesse son projet, et enfin , un jour, il monta en chaire, et exposa en peu de mots à ses paroissiens ce qu'il voulait entreprendre. Ces hommes simples comprirent l'importance d'un pareil dessein et promirent de le seconder. Le lendemain on se mit à l'œuvre, et les travaux ne furent plus interrompus. Le digne curé, durant cet espace de quinze années environ, sut miraculeusement multiplier les ressources qu'il obtenait de la charité publique, incessamment sollicitée par lui. Aucune démarche ne le rebutait ; quand, harassé de fatigue, il rentrait au village, il ne s'en mettait pas moins à la tête des travailleurs, dont il venait d'assurer le salaire.
Après trois ans d'efforts, on arriva à des masses de granit qui fermaient l'entrée du défilé du côté de Belvianes. A la vue de ces rocs indestructibles en apparence, le découragement s'empara de tout le monde. M. Armand, c'est ainsi que se nomme le prêtre, garda seul de la force et de l'espoir; il vendit une partie de son patrimoine, rassembla de nouvelles ressources.
Après six années de combat contre la masse de granit, elle s'ouvrit et livra passage. Désormais on put traverser en deux heures la distance qu'on mettait une demi-journée à franchir : c'était beaucoup ; mais il y avait encore loin de cette amélioration à un résultat complet. Il fallait continuer. Hélas ! la révolution était devenue la terreur, et le prêtre dut, je vous l'ai déjà dit. se cacher comme un criminel, et renoncer à ses travaux.
Mais enfin l'ordre se rétablit, grâce au premier consul. Le curé revint parmi ses paroissiens, reprit son projet de route avec ardeur, et ne le quitta que pour combattre un terrible incendie par lequel fut dévorée la forêt de Fanges. Grâce au courage du pasteur, qui exposa sa vie avec une sublime témérité, les paysans ne cessèrent point de lutter, pendant trois jours, contre ce fléau, et parvinrent à sauver ainsi à l'état, une propriété de plusieurs millions. M. de Barante, alors préfet du département, écrivit à M. Armand pour le féliciter d'une si belle action, et lui proposa une récompense.
M. Armand demanda des secours pour continuer la route de Quirbajou.
On les lui accorda.
Souvent, pour briser les rochers qui barraient sans cesse le passage, la sape était impuissante, et il fallait recourir à la mine. Un jour, on allait faire sauter un rocher énorme, et déjà la mèche était allumée, quand tout à coup on vit paraître, de l'autre côté de la route, un muletier. Il allait inévitablement périr : chacun resta glacé d'effroi.
M. Armand, sans hésiter, s'élança, arracha la mèche et l'éteignit sous ses pieds... Quand un soldat donne une pareille preuve de courage dans les camps, messieurs, on le cite avec admiration !... Ce trait d'héroïsme fut connu de l'empereur. Il écrivit de sa propre main une lettre à l'abbé Armand.
Voici comment se termine cette lettre autographe de Napoléon :
« L'état deviendra désormais votre trésorier, puis que entre vos mains le billon se change en or massif. »
Je prierai M. Armand, tout à l'heure, de nous montrer ce précieux autographe, car c'est chez M. Armand que nous nous rendons ! Des officiers qui se trouvaient dans ma division ont eu la lâcheté d'outrager un vieillard, un prêtre, un héros de dévoûment, un héros devant lequel ils eussent dû s'incliner avec respect ! Une pareille faute ne pouvait être réparée que par une démarche solennelle. Je me rends donc avec les coupables chez celui qu'ils ont insulté, en déshonorant leur épaulette.
— Général, répondit un des coupables au nom de ses camarades, vos paroles sont sévères, mais nous les méritons. La vivacité de notre repentir et l'empressement que nous allons mettre à obtenir notre pardon de M. Armand diminueront, je l'espère, la gravité de notre faute.
— Voilà qui me réconcilie un peu avec vous, répliqua le général.
Sur ces entrefaites, ils étaient arrivés à la porte du presbytère. Le curé, entouré d'ouvriers, donnait des ordres. A la vue du général et des officiers qui l'accompagnaient , il resta tout surpris.
— Monsieur l'abbé, dit le général, voici des étourdis bien coupables, qui me chargent de vous présenter leurs exuses.
M. Armand rougit avec la candeur d'une jeune fille.
— J'avais oublié déjà cette espiéglerie, se hâtat-il de répondre. Messieurs, à votre âge, on peut bien faire quelques folies ; mais vous devez être fatigués, daignez accepter l'hospitalité sous mon pauvre toit.
Le général se rendit à cette offre. Le curé fit les honneurs du frugal repas qu'il offrit à ses hôtes avec une gaîté et un esprit qui charmèrent les officiers et ajoutèrent à leur confusion. En sortant, ils remirent au bon prêtre tout l'or que contenaient leurs bourses.
— Voilà pour vos travailleurs, dirent-ils, monsieur le curé.
— Merci, messieurs ! s'écria le prêtre ; oh ! merci! Si vous saviez le bonheur que je ressens à continuer cette œuvre et la reconnaissance que j'éprouve pour ceux qui m'en donnent les moyens ! Que Dieu m'accorde la grâce de terminer ma route, ajouta-t-il avec émotion, et qu'ensuite il me rappelle à lui !
Dieu exauça cette prière du bon prêtre. Au mois de novembre 1814 la route était achevée telle que l'avait conçue son inventeur. En 1822, elle fut placée parmi les routes départementales. Le rapport à ce sujet de M. Destrem, ingénieur en chef des ponts et chaussées, exprime, dans les termes les plus vifs, l'admiration de l'homme de l'art pour l'œuvre de M. Armand. A partir de cette époque, un service de cantonnement fut établi dans le pays, et l'administration des ponts et chaussées, par une exception unique et sans autre exemple assurément, confia la direction de ces ouvriers à une personne étrangère à son corps... Elle l'offrit à M. Armand, qui accepta de faire travailler les pontonniers sous ses ordres.
En outre, M. le marquis d'Axat, propriétaire de forges dans le pays, reprit la route à la sortie du défilé et la conduisit jusqu'à Axat. M. Armand comptait quatre-vingts ans lorsque son œuvre, comme il l'appelait, se trouva complètement achevée. Alors, comme il l'avait demandé souvent à Dieu, Dieu le rappela vers lui.

Félix Armand sur son lit de mort

Un matin que, étendu sur la couche de laquelle il ne devait plus se relever, il priait et tournait ses regards vers le ciel, son vicaire vint lui lire une lettre qui portait le cachet de la chancellerie de France. Cette lettre annonçait que, sur le rapport du conseil des ponts et chaussées, le roi avait nommé M. Félix Armand chevalier de la Légion-d'Honneur.
— La croix ! mon cher vicaire, dit en souriant l'abbé. J'en attends bientôt une plus glorieuse de la bonté céleste.
Il ne se trompait point : quelques instants après il souleva la tête, regarda de sa fenêtre, une dernière fois, la route qui avait chassé le péril et la misère loin de ses paroissiens, bénit Dieu et mourut.

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